Quelle est la situation du centre pénitentiaire de la Guadeloupe ?

Pour mieux comprendre la situation des prisons deGuadeloupe et les cris déjàlancés par les professionnels de ces établissements d'incarcération,nous avons donné la parole à M.Ebéné Brigitte, Secrétaire Général de l'UFAPGuadeloupe.

Ebéné Brigitte : Aujourd'hui, le centre pénitentiaire de la commune de Baie-Mahault a un taux d'occupation qui avoi - sine sensiblement les 170%. Nous avons 700 détenus et plus pour une capacité de 400 places. Donc c'est vrai que cela crée des difficultés pour le travail des agents au quotidien et par ricochet cela pose des problèmes aux conditions de vie carcérale des détenus. A l'UFAP et à l'UNSA Justice, nous disons à notre tutelle, la Garde des Sceaux, Mme T aubira qu'il y avait un programme immobilier prévu pour la Guadeloupe qui consistait à reconstruire le centre pénitentiaire du chef-lieu, Basse-T erre sur place et l'agrandissement du centre de Baie-Mahault. Depuis l'arrivée des socialistes à la tête de l'Etat, le nouveau gou - vernement a quasiment «botté en touche» le programme immobilier d'un revers de main et le programme a disparu. S'agissant de l'agrandisse - ment du centre pénitentiaire de Baie-Mahault, tout était déjà en place. Nous étions au stade «d'appel d'of fr », c'est- à-dire que les entreprises intéressées par le projet venaient déposer leur offre

. Les travaux devaient débuter à la fin de cette année-ci.

NET : Comment comptez-vous fair e pour pousser le gouverne- ment à r epr endr e le projet ? EB :

Depuis l'arrivée au pouvoir du nouveau gouvernement, nous ne sommes pas restés les bras croisés. Nous avons déjà faits des interventions au plus haut niveau, mais les difficultés que nous rencontrons, relèvent de nos représentants politiques qui ne s'intéressent malheureuse- ment pas à leur environnement. Il ne faut pas perdre de vue que les locataires du centre pénitentiaire sont nos frères, nos sœurs et nos enfants. Je crois qu'ils ont droit à des conditions de détention décentes au même titre que ceux de l'hexagone. En France, actuellement, il est question de la règle pénitentiaire européenne, malheureusement, ce sont des règles qui ne franchissent pas les rives de la Guadeloupe donc nous ne pouvons pas l'appliquer au centre pénitentiaire de Baie-Mahault. Deuxièmement, tous les détenus sont ensemble, il n'y a pas de séparation entre les jeunes et les âgés. De même, il n'y a pas de séparation entre un voleur à la sauvette et un criminel. Tout cela est source de véritables problè - mes. Le centre pénitentiaire crée des criminels en puissance.

NE : Le fait de libér er certains détenus avec le bracelet ne crée t-il pas un risque d'insécurité dans la population ? EB :

Je crois que c'est une mesu- re prise par l'Etat français en faveur de ceux qui s'acheminent vers la fin de l'incarcération. Le bracelet électronique est un moyen pour permettre au déte - nu de purger sa peine. Je ne peux pas porter de jugement sur la façon dont ils le portent. C'est du ressort du législateur de réagir par rapport aux condi - tions de travail du personnel, et aux conditions d'hébergement des détenus pour favoriser le climat dans les centre pénitentiai - res. Cependant, nous avons le sentiment que nous prêchons dans le désert !