Syndicat, syndicat !

En regardant l'autre soir l'émission télévisée «Buz», consacrée au syndicalisme guadeloupéen, en entendant les paroles de la représentante du Medef et les remarques transmises via SMS par des téléspectateurs, j'ai eu comme un haut le cœur.

A en croire ces paroles, les syndicats, la lutte syndicale seraient ce qu'il y a de pire en Guadeloupe.

La grève, et particulièrement, celle de 2009 serait responsable de tout ce qui va mal dans ce pays : chômage, faillite des entreprises.

Madame Montantin et le Medef qui rêvent de travailleurs taillables et corvéables à merci, sans aucun moyen de défenses, même quand ils n'ont que le mot de dialogue social à la bouche, sont dans leur rôle.

Pour qu'ils puissent gagner toujours plus, ils ne veulent aucune entrave à la libre exploitation des salariés : pas de syndicats, pas de conventions collectives, pas de droits pour les travailleurs dans l'entreprise qui reste pour eux un domaine privé, tout en demandant toujours plus d'argent public pour garantir leur profit, sans trop de risques.

Mais, que des travailleurs salariés ou en chômage leur emboitent le pas et clouent au pilori les syndicats, voilà ce qui me pose problème.

Certes, les syndicats ne sont pas exempts de critiques sur certaines de leurs pratiques ou orientations, mais comme le disait Jean-Marie Nomertin de la CGTG, s'il n'y avait pas les syndicats que ne ferait pas le patronat ?

Il suffit de voir le nombre de syndicalistes traînés devant les tribunaux, poursuivis, licenciés, condamnés à des lourdes amendes parce qu'ils défendent avec courage les droits et la dignité des travailleurs.

La criminalisation des syndicats et de l'action syndicale mise en œuvre par les organismes patronaux avec le soutien de l'Etat à travers ses institutions policières et judiciaires n'est pas une vue de l'esprit. Le procès des syndicalistes de la CGTG, salariés à Milénis qui fait l'actualité, est là pour leprouver.

Les capitalistes qui mènent une guerre idéologique féroce contre le monde du travail croient avoir gagné la partie et pouvoir briser la résistance des travailleurs, en usant de mensonges et de promesses.

Mais, non ! Hier plus de 6000 Guadeloupéens : salariés, fonctionnaires, chômeurs, jeunes et retraités ont fait la démonstration à l'appel de 9 syndicats, qu'ils ne vont pas renoncer à leurs droits de travailler, de militer et de vivre dignement dans leur pays.

Ils ont relevé le défi de continuer à avancer dans les sillons creusé depuis la création du mouvement syndical en Guadeloupe, en 1900, il y a plus d'un siècle.

Ils ont affirmé avec force à la face de tous ceux qui feignent d'oublier d'où ils sont sortis, que toutes les conquêtes sociales, toutes les avancées démocratiques et politiques ont été obtenues en Guadeloupe par les luttes organisées des travailleurs avec leurs syndicats et leurs partis de classe. Alors, j'ai revisité avec une détermination encore plus forte, le poème écrit en 1959 par Sony Rupaire en hommage à ce grand syndicaliste, Auguste Sainte-Luce, Secrétaire Général du premier syndicat capesterrien «les artisans de la fortune», qui, «les yeux clos derrière ses lourdes paupières», n'a cessé de répéter dans son dernier souffle : Syndicat, syndicat,syndicat .