Nous déraillons : Repransans an nou !

La rédaction du journal «Nouvelles Etincelles» publie avec beaucoup d'intérêt la lettre ouverte du Docteur José Suédois aux Guadeloupéens, intitulée : «Nous déraillons». Nous avons choisi de la publier volontairement en ce début d'année, période où on échange des vœux, moment privilégié où les gens de pouvoir s'adressent aux citoyens pour leur dire en cœur que demain sera meilleur. La lettre du Docteur Suédois est intéressante et importante à nos yeux parce que précisément son contenu tranche avec les propos lénifiants, genre de plats réchauffés servis année après année chaque premier janvier . Le docteur qui est psychiatre, a, c'est incontestable, une grande expertise de la société guadeloupéenne, une connaissance profonde du fonctionnement et du com- portement mental de l'hom- me guadeloupéen, basée cer - tes sur une observation scien- tifique, mais qui s'enracine dans l'identité créole. La Guadeloupe, en quête de sens, attend des paroles fortes et vraies qui nous incitent à briser les chaines de l'aliénation, de la consommation, à sortir du déni de nous-mêmes, à lever la tête pour regarder plus loin et plus haut que ce qui nous est imposé de voir et de faire. Une voix s'est levée pour interpel- ler notre conscience engourdie, nous dire ce que nous feignons de ne pas voir ou entendre, titiller ce qui nous reste d'humanité. La prose du docteur peut mettre mal à l'aise ceux qui répètent sans discernement les paroles du «maître» et les lieux communs de la pensée unique, mais dans un pays où le débat a été stérilisé par ceux qui sont investi de la parole publique et où certains qui font fonction d'intellectuelle ont déserté le débat pour ne pas s'a- liéner la bonté des princes, elle peut créer le déclic salutaire. Ces paroles du docteur Suédois ne tombent pas pour autant dans un désert. Elles viennent renfor- cer et ouvrir le champ du débat posé déjà par d'autres pensées de la même facture, que notre jour- nal a eu le privilège de publier : La déclaration des groupes à Po de la Guadeloupe en mars 2013 : «Poz repransans» ; L'article de Hélène Migerel en novembre 2013 : «La Guadeloupe à Peur» ; «La Lettre ouverte aux Intellectuels Guadeloupéens» d'Alex Lollia en novembre 2013. T outes ces paroles et ces pensées constructives ne peuvent pas, ne doivent pas rester dans les tiroirs des initiés. Elles portent des pis- tes, des repères, surtout nous montrent des chemins à emprunter pour donner sens à notre ambition commune d'une Guadeloupe débarrassée de tou- tes ses chaines. A notre niveau, nous ferons vivre le débat autour de toutes ces contributions. n