François Hollande, le libéral camouflé
A la conférence de presse du 14 janvier à l'Elysée, le Président François Hollande a laissé tomber le masque. Après avoir embobiné les Français au cours de la campagne des élections présidentielles en s'affichant comme l'antidote Sarkozy, le libéral décomplexé, et les avoir baladés depuis deux ans sur des incantations socialistes, il a fini par se révéler sous son vrai visage : un adepte du libéralisme économique, un serviteur de la finance, en annonçant son «Pacte de Responsabilité». Il n'y a dans tout cela rien de nouveau et de surprenant. Hollande ne fait que mettre ses pas dans ceux de François Mitterrand qui deux ans après son élection en 1981, avait pris, sans sourciller, le tournant libéral en se déculottant devant les maîtres de la finance. Il reproduit la posture de son mentor Lionel Jospin qui, Premier ministre socialiste, a admirablement servi l'Europe du capital et a plus privatisé en France que tous les gouvernements de droite. Nous sommes dans la continuité du «pêché mortel» des socialistes : la collaboration de classes. Mais, avec Hollande, les choses sont pires, parce qu'il s'est posé en homme de rupture avec toutes les pratiques et traditions de compromissions de ses compagnons socialistes. Surtout, et c'est cela qui a entraîné l'adhésion d'une grande fraction de l'électorat de gauche à son programme présidentiel, il a déclaré avec emphase : «mon adversaire, c'est la finance» et depuis son arrivée à l'Elysée, il n'a cessé de proclamer qu'il allait faire payer les riches et que le coût du travail n'est pas le problème. Aujourd'hui, ce même François Hollande déclare, comme métamorphosé, sans aucun respect pour ceux qui l'ont conduit à l'Elysée pour une autre politique que celle de Sarkozy que : «Le problème principal de la France est la production. Il est nécessaire d'alléger les charges des entreprises et de réduire les contraintes afin qu'elles retrouvent des marges». Il répond ainsi, après des mois de tergiversation, à la demande du Medef, des instances européennes et de son «amie» Merckel. François Hollande a fait le choix de livrer les travailleurs et les pauvres à la férocité des requins de la finance. Au fond, François Hollande n'a pas changé. Ce sont les Français qui, affolés par les frasques de Nicolas Sarkozy , ont refusé d'entendre ce que disait déjà Hollande devant les financiers britanniques avant son élection : «Aujourd'hui, il n'y a plus de communistes en France (…). La gauche a été au gouvernement pendant 15 ans au cours desquels nous avons libéralisé l'économie, et ouvert le marché à la finance et à la privatisation. Il n'y a rien à craindre». Il met aujourd'hui sa politique en adéquation avec sa pensée libérale. Mais, pour sûr, il ne sera pas quitte avec le monde des entreprises et de la finance. Ces gens veulent enlever aux travailleurs français leur dernière chemise, ce qui reste du programme national de la résistance. Il ne fait aucun doute que François leur donnera satisfaction. Sauf, si les travailleurs et le peuple de France se décident enfin à se lever pour engager une lutte sociale et politique sans concession pour en finir avec ce capitalisme décadent.