Grève de l’essence ?

C' est à croire que nous prenons plaisir à nous faire «plumer» ! Je peux comprendre les raisons évoquées par certains, en particulier ceux pour qui la voiture est un instrument de travail : artisans, transporteurs, commerciaux, professionnels de la santé, pour se précipiter dans les stations-services et des fois, y passer la nuit à chaque annonce des gérants de faire «grève». Mais, malgré tout, il faut le dire franchement, tous les usagers se font complices de l'arnaque organisée périodiquement par les gérants des stations-services. Quels que soient les motifs évoqués, les gérants des stations qui sont des chefs d'entreprises ne font pas grève. Ils organisent un «lock out», une fermeture des pompes de distribution de l'essence en gardant souvent ouvertes les boutiques qui leur rapportent encore plus que le précieux liquide. C'est une arnaque qui doit être dénoncée parce que les gérants de stations qui font fonction de service public, en exploitant un produit d'intérêt stratégique, spéculent sur la dépendance des Guadeloupéens de la voiture, imposée comme moyen privilégié de déplacement dans le pays. L'annonce de la fermeture des pompes est un formidable coup marketing pour s'enrichir à moindre frais, car, les cuves se vident et se remplissent avec une rotation inconnue en temps normal. En courant dans les stations à chaque menace de fermeture, en bloquant les routes du pays toute une journée, les Guadeloupéens acceptent, avec résignation, de souffrir pour aller se faire «plumer» à la pompe. Il y a là, quelque chose qui doit nous interroger sur ce que nous sommes devenus dans cette société, sur ce qui donne un sens à notre vie. C'est en étudiant méticuleusement ces comportements avec leurs spécialistes en manipulation que les groupes de la grande distribution déterminent leur stratégie de vente. Le grand coup commercial qui a permis à Destreland, à Noël 2013, de rassembler dans ses parking, à 4 heures du matin, des centaines d'acheteurs, caddies en mains est une préconisation de ces études. Quand les Guadeloupéens comprendront-ils qu'ils doivent arrêter d'aller danser dans ces carnavals organisés par les pwofitans ? Pour régler la question de l'essence, la solution n'est pas d'aller se battre à la pompe pour 5 ou 10 litres de carburants, mais bien de boycotter les pompes. Il faut frapper tous ceux qui exploitent ce filon et qui en tirent des bénéfices juteux, là où ça fait mal : le fric. Je plaide pour une grève des automobilistes. Laissons les voitures au garage et plutôt que de nous ruer dans les stations d'essence, envahissons les arrêts de bus, prenons les bus pour nous déplacer . Si tous les Guadeloupéens qui ont ras le bol d'être arnaqués en permanence par les pwofitans, s'engagent sur cette voie, en solidarité, il est sûr que les contradictions du système vont éclater et que les autorités qui vivent aussi de l'arnaque sur l'essence seront placées face à leur responsabilité. Il n'y a pas d'autres solutions pour sortir du pillage organisé par tous ceux qui interviennent dans la chaîne d'exploitation de l'essence, que la création d'un service public chargé de la production et de la distribution des produits énergétiques en Guadeloupe. Tous les efforts doivent tendre vers cet objectif.