Détruire les moustiques pour se protéger du chikungunya

Le chikungunya est une maladie due à un virus (arbovirus) transmis par les moustiques. Le nom de cette zoonose (maladie animale transmissible à l'homme) signifie en Makondé «marcher courbé», décrivant l'attitude des personnes atteintes par le virus. La maladie a été décrite principalement en Afrique, en Asie du sud-est, en Inde, en Indonésie et au Pakistan. Elle se manifeste surtout pendant la saison des pluies quand la concentration de moustiques est la plus forte.

LA TRANSMISSION DE LA MALADIE

La maladie se transmet à l'homme par l'intermédiaire de moustiques du genre Aedes notamment. A Saint Martin, le moustique vecteur est le même que celui de la dengue, Aedes Aegypti. Ces moustiques sont diurnes avec un pic d'activité en début et en fin de journée. Le moustique prélève le virus en piquant une personne atteinte de la maladie pendant la phase de virémie et se contamine à son tour. Lors d'une autre piqûre, il peut transmettre le virus à une personne saine La transmission s'effectue uniquement par le biais d'un moustique vecteur . Les personnes atteintes du chikungunya ne sont donc contagieuses ni par contact, ni par le biais des postillons. Néanmoins, la transmission artificielle par la transfusion sanguine et la gref fe, est possible, d'où les mesures de précaution prises pour écarter notamment du don de sang les personnes atteintes de la maladie. Des cas de transmission de la mère à son nouveau-né ont été constatés chez un petit nombre de personnes à la Réunion. Une telle transmission n'avait jusqu'ici jamais été rapportée dans la littérature.

LES SYMPTOMES DE LA MALADIE

La maladie peut passer inaperçue ou se manifeste en moyenne 4 à 7 jours après la piqûre infectante, par l'apparition soudaine d'une fièvre élevée (supérieure à 38.5°C) associée à des maux de tête ainsi qu'à d'importantes douleurs musculaires et articulaires touchant les extrémités des membres (poignets, chevilles, phalanges). Ces douleurs peuvent persister plusieurs semaines voire plusieurs mois. Une éruption cutanée peut également apparaître. Des hémorragies bénignes à type de gingivorragies (saignements des gencives) et d'épistaxis (saignements de nez) sont également possibles, surtout chez l'enfant. La maladie, d'évolution spontanée le plus souvent favorable, peut, dans certains cas, entraîner une fatigue prolongée et des douleurs articulaires récidivantes parfois invalidantes. Quelques cas de formes graves, dont des formes neurologiques, des atteintes cardiaques ou hépatiques ont été signalés. On ne peut pas être infecté plusieurs fois par la maladie. Toute personne qui a été infectée une fois acquiert naturellement une immunité durable (plusieurs années). En revanche, certaines douleurs aux articulations (arthralgies) peuvent persister ou réapparaître sur des périodes de temps variables. Il s'agit d'une réaction articulaire indépendante d'une réinfection par le virus.

IL N'EXISTE P AS DE TRAITEMENT SPECIFIQUE DU CHIKUNGUNYA

Il n'existe pas à ce jour de thérapeutique spécifique contre le chikungunya (qu'il s'agisse d'un médicament, d'un extrait naturel de plantes ou de tout autre produit). Le traitement est avant tout symptomatique (traitement de chacun des symptômes) et repose notamment sur la prise d'antalgiques (comme le paracétamol), d'anti-inflammatoires non stéroïdiens et le repos. De plus, les médicaments de type salicylés (aspirine) sont à éviter. Il est important de consulter un médecin en cas de signes évocateurs, d'une part pour éviter d'ignorer un autre diagnostic, d'autre part pour adapter le traitement, notamment en cas de pathologies associées et dans tous les cas pour les enfants. En attendant d'avoir pu consulter un médecin, des mesures simples peuvent être suivies comme boire beaucoup d'eau, pour maintenir une bonne hydratation, voire prendre un médicament bien connu pour soulager les douleurs et la fièvre, tel que le paracétamol, en respectant les doses et les conseils d'utilisation indiqués dans la notice. Mais, il ne faut entreprendre aucun autre traitement sans en parler préalablement à votre médecin ou à votre pharmacien. En particulier, les médicaments de type salicylés (aspirine) sont à proscrire. Il n'existe pas de vaccin actuellement commercialisé contre le chikungunya ni de traitement préventif de la maladie.

DES ACTIONS DE PREVENTION POUR EVITER L'EPIDEMIE

Les actions à mener énergiquement par les autorités en charge de la lutte contre cette maladie et par toute la population doivent viser à : - Elimminer mécaniquement au moins 90% des gites de reproduction du vecteur sans recours à des produits chimiques. Détruire les objets inutiles susceptibles de contenir de l'eau - Protéger les réserves d'eau (futs, citernes) avec un tissu moustiquaire - Entretenir régulièrement les systèmes d'évacuation d'eau pluviale (gouttières, regards,chenaux) - Supprimer les coupelles dans la mesure du possible ou les remplir de sable humide - Mettre en terre les plantes plutôt que dans l'eau, sinon changer l'eau au moins une fois parsemaine Compte-tenu des phénomènes de résistance aux insecticides , la prévention passe par un changement des comportements vis-àvis de l'environnement domestique tant au niveau individuel que collectif ( rôle des collectivités locales dans la gestion des déchets , des réseaux hydrauliques, des systèmes d'assainissement , etc. ) .

LA PROTECTION INDIVIDUELLE

Les personnes peuvent se protéger individuellement et particulièrement les personnes malades en utilisant : Des sprays ou des crèmes contre les douleurs et la fièvre- Des moustiquaires Des pastilles insecticides, des diffuseurs électriques La mobilisation doit être générale pour éviter l'épidémie. Pour préserver la vie, il faut s'appliquer à détruire les moustiques.