Moraliser la politique !

L orsqu'en 1992, l'Association des Elus Communistes a organisé sous l'impulsion du Parti Communiste, un Séminaire sur le thème : «Ethique et Politique, un Code moral pour les élus !», certains esprits sombres ou tordus ont parlé de chimères descommunistes. Vingt-deux ans après, comme dans beaucoup d'autres domaines défrichés, par ceux que certains appellent avec sympathie, et d'autres, d'une façon réductrice les «cocos», cette question de la démocratie politique avance, pas assez vite, mais des espaces favorisant la corruption politique sont effacés. Plusieurs des dix propositions adoptées par ce séminaire ont déjà trouvé, même partiellement, leur traduction dans la législation française. Une nouvelle étape vient d'être franchie. Le Conseil Constitutionnel a mis fin le jeudi 13 février aux derniers espoirs des cumulards, en validant la loi interdisant le cumul d'un mandat parlementaire (député, sénateur, député européen) avec un mandat de maire, de Président ou vice-Président d'une intercommunalité, d'un Conseil Général ou Régional ou même membre du Conseil d'administration d'une société d'économie mixte. Cette loi sera applicable pour les élections législatives de 2017. Elle ouvre incontestablement la porte à un renouvellement des générations, dans le même temps qu'elle limite les risques de corruption politique. On entend déjà grincer les dents dans le landernau politique. Mais, il reste encore beaucoup de chemin à parcourir pour une politique plus propre, plus près des citoyens et plus respectueuse du bien public. Notamment : le droit pour les électeurs de révoquer les élus en indélicatesse ; la limitation d'une fonction élective à deux mandats consécutifs. On y arrivera, car l'exigence de plus grande démocratie et de plus de transparence politique s'exprime de plus en plus dans toutes les sociétés.

LES 10 PROPOSITIONS DU PARTI COMMUNISTE GUADELOUPEEN

1) Organiser la participation du citoyen à la vie publiqueen lui donnant la possibilité juridique de révoquer un élu en cours de mandat.

2) Etablir réellement la séparation du pouvoir politique et du pouvoir judiciaire , pour faciliter le règlement des scandales politico-financiers.

3) Mettre à la tête des collectivités locales un véritable exécutifcollégial pour lutter contre le pouvoir personnel.

4) Elargir et appliquer partout le principe du noncumul des mandats pour éviter l'irresponsabilité, les magouilles et autres gabegies.

5) Limiter dans le temps l'exercice de tout mandat électifexercé par un citoyen, pour empêcher le népotisme et les conséquences de l'usure du pouvoir .

6) Instaur er une plus grande transpar ence dans la situation de richesse de tous les élus, en exigeant la déclaration publique de leur patrimoine au début et à la fin de leur mandat, pour empêcher les combines, les rackets et les pots-de-vin.

7) Modifier la loi sur le financement des partis politiques pour soustraire les partis de la domination des élus et éviter l'éclosion de multiples groupes politiques bidons par les parlementaires attirés par l'appât du gain.

8) Simplifier la procédure judiciaire pour permettre à tout citoyen d'ester en justice quand il estime les intérêts de la collectivité lésés par une décision quelconque des élus.

9) Mettre en place un véritable statut de l'éluqui lui donne des garanties sur le plan professionnel, social et de sa formation, pour limiter les compromissions et le carriérisme coupable.

10) Soumettr e à la justice tous les cas connus de scandales poli tico-financiers.

Pointe-à-Pitre, le 19 février 1992