Pour sortir enfin du déraillement permanent
Le docteur José Suédois, médecin psychiatre guadeloupéen,a récemment soumis une contribution à la réflexion des hommes et des femmes encore verticaux de notre pays.Avec l'humilité de celui qui n'a pas la prétention de détenir exclusivement la vérité et la pertinence de l'expert qu'il est,puisque par sa profession,il est depuis longtemps déjà confronté au psychisme des Guadeloupéens,il explique magistralement comment nous déraillons.Mais mieux encore, loin de tout positionnement desentence, il invite au débat.
N otre Parti, par la plume du directeur politique des «Nouvelles-Etincelles» qui ont publié ce document qu'il faut absolument lire, a enregistré cette contribution comme considérablement importante.
Mais, si le docteur Suédois affirme avec force d'arguments comment et parfois pourquoi mais du point de vue sociologique, nous déraillons, il nous semble qu'en tant que Parti nous ne pouvons pas nous contenter simplement d'apprécier positivement sa contribution, sans prendre part au débat qu'il ouvre, sans donner notre point de vue qu'en plus du constat, il faut ouvrir des pistes permettant de remettre le pays et l'ensemble de notre peuple sur les rails d'un fonctionnement «normal» sur les rails du développement réel. Et pour le faire sérieusement me semble-t-il, il est impossible de ne pas mettre en exergue les causes profondes de ce déraillement, le pourquoi politique pour lequel nous déraillons. Car pour bien traiter le mal, il faut pouvoir identifier et indiquer l'origine de celui-ci. C'est ce que nous nous proposons de faire ici. Sans feintes ou fantaisies, nous tenterons de dire les choses sobrement mais clairement.
Depuis l'abolition de l'esclavage et l'émergence à la vie politique des descendants d'esclaves jusqu'à 1958 quand est créé le premier parti politique guadeloupéen qui propose d'entamer le processus de décolonisation par la revendication de l'autonomie de notre pays, c'est dans l'assimilation à la France que se circonscrit la lutte politique. On peut concéder un intermède sans suite d'ailleurs quand celle-ci prend un caractère anticolonialiste avec Achille René-Boisneuf.
Il n'y a pas d'équivoque. La base politique de ce déraillement se trouve dans la forme à peine déguisée du fait colonial, par le biais du statut départemental qui pérennise l'assimilation législative à la France. Son fondement est dans la dépendance, le non développement, l'irresponsabilité.
Au nom de son intérêt national (position de deuxième puissance maritime et énormes potentialités de l'exploitation de la richesse de l'avenir que constituent les nodules polymétalliques et autres considérations géopolitiques et stratégiques), le pouvoir colonial français tient à maintenir dans l'assujettissement notre peuple. Après avoir démantelé ce qui constituait la base de notre économie et organiser le génocide par substitution de notre peuple (Bumidom), il organise notre dépendance alimentaire, le chômage endémique, l'assistanat et la société de consommation.
Mais plus grave, c'est l'arsenal extraordinaire qu'il a mis en place pour décérébrer notre peuple et la lutte idéologique implacable qu'il mène contre lui pour sa complète aliénation. Voilà pour la nation qui opprime. Voyons maintenant, pour ce qui nous concerne, nousGuadeloupéens… Une des principales raisons qui a conduit au maintien du statu quo dont découle ce déraillement dans nos comportements, consiste en la surenchère nationaliste qui sans se préoccuper du niveau de conscience à la fois identitaire et politique des masses s'est opposé à une revendication responsable plus à la portée de celles-ci.
On connaît le résultat. Ni l'autonomie, ni l'indépendance n'obtient à ce jour l'adhésion de la majorité des Guadeloupéens. Une autre raison, majeure cellelà, c'est l'entêtement assimilationniste des socialistes guadeloupéens. Depuis toujours, les socialistes guadeloupéens dans leur majorité nient le fait colonial et se comportent en vassaux loyaux des gouvernants français au nom de l'illusion républicaine qui ferait des Guadeloupéens des Français à part entière. Même si dans la forme des changements se sont effectués, sur le fond, rien n'a changé. Les rapports qui nous lient à la France sont bel et bien des rapports de dépendance, des rapports coloniaux.
La contribution du Docteur Suédois et celles d'autres personnalités averties et les qualité que nous avons publiées dans ce journal, ont le mérite d'éclairer de façon pédagogique la nécessité de passer à autres choses…la nécessité de sortir enfin de cette déconstruction par d'autres de nous-mêmes, pour nous reconstruire pour nous-mêmes.
Il est venu l'heure de s'asseoir autour d'une même table pour s'écouter et s'entendre vraiment afin de comprendre ensemble ce