Tony Bloncourt au Panthéon

En préalable à la publication du texte collectif, dont l'historienne Annie Lacroix-Riz est l'une des rédactrices,il nous a paru indispensable,fondé,de revenir sur le cas de notre compatriote guadeloupéen,Tony Bloncourt.

T ony Bloncourt, jeune étudiant guadeloupéen, membre des “Jeunesses communistes”, arrêté par les Allemands, est fusillé le 09 mars 1942 au Mont Valérien. Il a largement acquis par son engagement dans la Résistance, ses actes de bravoure, le droit de figurer sur la liste des Résistants qui pourraient entrer au Panthéon, cette vénérable institution qui annonce fièrement sa vocation : “Aux grands hommes, la patriereconnaissante.”

Malheureusement, T ony Bloncourt cumule trois handicaps majeurs qui ne feront jamais de lui un pensionnaire de cette institution : “ Communiste, Nègre, Antillais.”

La mentalité coloniale qui sévissait et qui n'a jamais disparu, celle de la grande “Union française”, association du cheval et du cavalier, en dépit de leurs sacrifices, écarta les colonisés guadeloupéens des avantages que le “Programme du Conseil National de la Résistance” offrit à la classe ouvrière française, au prolétariat français, au peuple français.

Pourtant, nombre de jeunes colonisés guadeloupéens avaient rejoint la France libre, s'étaient illustrés, avaient donné leurs vies à travers divers théâtres d'opération de la Première guerre mondiale, de la Seconde guerre mondi ale, de la première guerre coloniale que la France a livrée au sortir de la Seconde guerre mondiale en Indochine.

Les Guadeloupéens ont bien découvert, ont bien compris à ce moment, qu'ils avaient donné leurs vies, répandu leur sang pour le colonialisme français, les patrons, les négriers et non pour l'égalité ou la fraternité.

Frantz Fanon engagé dans les Forces Françaises Libres afin de libérer la France du joug hitlérien, se retrouve confronté quotidiennement au racisme dont étaient victimes les combattants venus des colonies, incorporés aux troupes européennes.

Dans une lettre adressée à ses parents il écrit : “Si vous appreniez un jour ma mort face à l'ennemi, consolezvous, mais ne dites jamais, il est mort pour la belle cause. Cette idéologie est fausse..Je me suis trompé ! Rien ici, rien qui justifie de me faire le défenseur des intérêts du fermier quand lui-même s'en fout !”

Il a fallu le combat titanesque conduit par le Parti communiste à travers tout le pays de Guadeloupe, mobilisant, entraînant de larges masses de travailleurs à la lutte, pour contraindre le colonialisme à nous lâcher une partie des avantages que le Conseil National de la Résistance avait offerts aux travailleurs français : Sécurité Sociale, Retraite aux vieux travailleurs, Semaine de 40 heures...

Pour revenir à Tony Bloncourt, il mérite autant que bien d'autres, que ses cendres soient transférées au Panthéon français. Ici c'est le cas de le dire : “Tant que les moutons n'auront pas d'historiens, l'histoire sera racontée par les loups.”