La Caraïbe réclame des réparations pour les dommages et les souffrances liées à l'esclavage

Le Caricom qui regroupe 15 Etats de la Caraïbe et 5 membres associés a officiellement demandé réparations pour les dommages causés par l'esclavage,la traite négrière et la colonisation.Une demande qui vise leurs trois anciennes colonies et constitue un soutien de poids aux associations qui se battent depuis longtemps sur le terrain sur cette question dans l'indifférence générale.Détails.

Jusque là sujet de colloques et combat de certaines associations et de quelques militants très politisés, la question de la réparation est en passe de devenir l'objet de débats et de discussions internationaux entre Etats. Les associations et notamment le Mouvement Interna-tional pour les Réparations (MIR) de Garcin Malsa qui se battent sur le terrain depuis de nombreuses années pourobtenir de l'Etat français qu'il se penche sur la question ont ef fettrouvé un allié de poids en le Caricom. Cette union qui regroupe 15 pays de la Caraïbe et 5 membres associés, dont l'objectif est le renforcement de la coopération entre les Etats de la région ainsi que l'amélioration du niveau de vie de ces populations, a approuvé en début de semaine une initiative visant à obtenir des réparations pour les dommages provoqués par l'esclavage, la traite négrière et la colonisation. Une demande officielle a été adressée en ce sens aux trois grandes puissances coloniales de l'époque, dont le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas.

L'Espagne et le Portugal, autres grandes puissances coloniales, ne sont pas concernées par cette demande car leurs anciennes colonies ne font pas partie du Caricom.

DIX REVENDICATIONS

Cette initiative a été lancée par les Etats anglophones de la région qui ont constitué en juillet dernier une commission sur cette question de la réparation au sein du Caricom. Partant du principe que les ravages causés par l'esclavage, la traite négrière et la colonisation et les scories encore prégnantes dans les populations de ces régions ont fortement handicapé le développement de ces pays et continuent à peser sur leur évolution économique, sociale et culturelle, la commission a émis dix revendications qui seraient de nature à solder le contentieux, parmi lesquelles des "excuses sincères et formelles des gouvernements européens", l'annulation de la dette des pays membres du Caricom ainsi que la mise en place "d'un programme de rapatriement" permettant aux descendants de "plus de 10 millions d' Africains déportés" de pouvoir retourner,s'ils le souhaitent, dans leur pays d'origine. Les autres revendications concernent la réhabilitation de la communauté caribéenne native, le développement de programmes de santé publique et de lutte contre l'illettrisme ou encore sur le transfert de technologie et de matière grise.

UNE REQUÊTE INÉDITE

Un célèbre cabinet d'avocats spécialiste de ces questions a même été sollicité pour défendre le dossier auprès des gouvernements concernés. C'est dire si cette requête qualifiée de "légitime au sein des communautés caribéennes en raison des dommages persistants et des souf frances liés aux crimescontre l'humanité commis sous le colonialisme" par le président de la commission sur les réparations, Sir Hilary Beckles, est à prendre au sérieux. C'est en effet la première fois qu'une telle requête est formulée par un groupe d'Etats. C'est aussi la première fois qu'elle est aussi circonstanciée et où la contrepartie exigée est si précise. Bref, c'est du lourd. Et même si un pays comme la France a déjà opposé une fin de non recevoir aux associations à cette demande de réparation, pas sûr , même si les Antilles-Guyane ne sont pas membres du Caricom, qu'elle reste sur sa position après cette requête émanant d'Etats caribéens. D'ailleurs, ce dernier qui n'entend pas s'arrêter en si bon chemin,a indiqué qu'il allait appeler à une conférence internationale en souhaitant la présenc e des gouvernements néerlandais, britanniques et français. La date et le lieu restant à définir. On saura alors si ces revendications ont des chances d'aboutir.

E.B