«Ils peuvent interdire le Parti communiste, ils ne pourront pas bâillonner les idées communistes !»

Petro Simonenko,secrétairegénéral du Parti communiste d'Ukraine interviewé par Sergei Lozounko,pour le journal de Kiev «2000»

Q : Ces derniers jours en Ukraine, ont été détruits des dizaines de monuments en l'honneur de Lénine. Que pensez-vous de cette vague de vandalisme ? R :

La destruction massive de monuments de Lénine caractérise bien l'idéologie de ceux qui se trouvaient à Maidan et qui aujourd'hui ont pris le pouvoir en Ukraine. Des monuments de Lénine, ils sont passés à ceux en l'honneur des libérateurs de l'Armée rouge, qui ont nettoyé l'Ukraine de la peste brune, et maintenant à Brody c'est un monument en l'honneur du Maréchal Koutouzov. Le 23 février, un groupe de voyous à Fastiv a emmené le «Drapeau de la victoire» de l'Armée rouge sur le Reichstag, symbolisant la victoire sur le nazisme] sur la place centrale et l'a piétiné. Je tiens à souligner qu'ils ne réussiront pas à débarrasser l'Ukraine des monuments de Lénine. Parce que parmi les monuments de Lénine, on trouve la station hydro-électrique du Dniepr, l'usine d'armement «Ioujmach», les chantiers navals, les usines d'aéronautique, l'industrie métallurgique, les installations de machines-outils, autrement dit -tout ce qui a été créé dans l'État soviétique de Lénine, cet État des ouvriers, paysans, travailleurs intellectuels, et qui existe aujourd'hui encore en Ukraine. La destruction massive des monuments va se développer de tous les côtés -par les activistes, le nouveau gouvernement puis toute l'Ukraine. Quant à Lénine, c'est une figure de niveau mondial. Si je puis utiliser les termes de Pouchkine : «Il a érigé un monument superbe, durable». Donc, essayez de le détruire, peine perdue. Effacer la mémoire de Lénine, pire détruire ses idées : c'est tout simplement impossible.

Q : Petro, vous savez que la proposition monte d'interdiction du Parti communiste ? R :

Dans les circonstances actuelles, on ne peut rien exclure. Y compris l'adoption de mesures anti-constitutionnelles de ce type. Mais parler de démocratie, de pluralisme politique, de triomphe des principes européens, alors ce sera juste absurde. Cette interdiction ne sera qu'un acte de répression, une tentative d'imposer la pensée unique dans le pays. Le Parti communiste, comme nous le savons bien, a déjà été interdit. Ceux qui l'ont fait on dû admettre qu'ils agissaient en dehors de tout cadre légal. Je le déclare, clair et net, le Parti communiste, ils peuvent l'interdire, mais ils ne pourront pas bâillonner les idées communistes ! Et nous ne sommes pas seuls, l'annonce de ces projets d'interdiction du Parti communiste a provoqué un tollé chez tous les partis de gauche en Europe, des condamnations ont même été émises depuis la Chine et le Vietnam. Et bien sûr, les partis communistes des républiques sœurs d'ex- URSS ont été les premiers à répondreprésents.

Q : Ne vous attendez-vous pas, même de manière symbolique, à une amélioration du sort des travailleurs, après la «révolution» ? R :

Non, le nouveau gouvernement veut résoudre ces problèmes en passant un prêt avec le FMI, dont les termes sont dans les intérêts du capital international, ce qui conduira les gens à se serrer toujours plus la ceinture : hausse des prix et des tarifs, gel des allocations, retraites et salaires. C'est le résultat direct de la «révolution» : puisque l'on sait d'où on doit attendre l'aide, l'aide financière de la Russie, dans ces circonstances, va cesser. Et encore, pourquoi on ne supprime pas cette réforme anti-populaire de la santé, pourquoi on ne revient pas sur la réforme des retraites. Mais l'ancienne opposition qui maudit le «Parti des régions» est pour ces réformes !

Q : Je peux vous demander ce que le parti va faire dans l'immédiat. Quels sont les objectifs et la voie tracée par le KPU ? R :

Poursuivre nos efforts. Nous n'abandonnerons pas notre peuple, tout le monde le sait. On vous a parlé des actes de vandalisme contre le siège central et les bureaux régionaux du Parti. Les vandales se sont eux-mêmes auto-proclamés «groupes d'auto-défense», «centuries noires». Ces gens là viennent vraiment de Maidan ? Après tout, il n'y avait pas là-bas de slogans anti-communistes. Non, ce sont des voyous envoyés par ceux qui veulent contrôler la vie politique du pays. Avec le Parti des régions, c'est facile il s'est disloqué en un rien de temps. Mais nous, communistes, comme vous l'avez dit, on a fait bloc, on n'a pas cédé. C'est à ce moment-là qu'a commencé cette campagne brutale. Notez que c'est arrivé soudainement : une attaque contre le Comité central, les comités régionaux, des raids à nos domiciles. Et puis ils ont balancé des calomnies dans les médias. Par exemple, on a dit qu'on m' «aurait vu» dans un hôtel à Moscou. Ma réponse à ceux qui essaient de me discréditer : j'étais ici, en Ukraine, où je rencontrais les militants du parti sur le terrain. Pour moi, la calomnie n'est pas une chose nouvelle, ce n'est pas une surprise. Je comprends aussi que, pendant la campagne électorale, l'opposition d'hier veuille piquer, sur le traitement des questions sociales, les slogans du Parti communiste. Et puisque les communistes sont les défenseurs authentiques du peuple, une ligne que nous ne lâcherons pas, ils sont passés à la persécution organisée contre nous. Finalement, les voyous, avec derrière eux les oligarques, ont pris le pouvoir et, sous couvert de Maidan, ils ont organisé la terreur.

Q : Petro, que voudriez-vous dire à vos camarades, sympathisants ? R :

En premier lieu, je souhaite remercier tous ceux qui sont restés fidèles à nos idéaux, ceux qui n'ont pas fui ni trahi -ni le parti, ni nos électeurs.

Source : Solidarité Internationale PCF