Sommet de Rome 2009 :La razzia des pays riches sur les terres du tiersmonde peut se poursuivre en toute impunité
U n milliard de personnes ne mangent pas à leur faim, 900 millions vivent dans des bidonvilles, un milliard ne savent ni lire ni écrire… Un scandale qui a assez duaré, avaient estimé les Nations Unies en 2000, se fixant des objectifs ambitieux pour 2015, les fameux «Objectifs du millénai- re». Mais, pour l’instant, on s’en éloigne allègrement… Et pour cause, palabres, gesticula- tions, mensonges, égoïsme, hypo- crisie, mépris, condescendance, indifférence, caractérisent l’attitu- de des dirigeants politiques, finan- ciers et économiques du monde capitaliste, vis-à-vis des pays du tiers-monde. Rien n’a changé ! Aucun dirigeant des huit plus gran - des puissances capitalistes, Obama,Sarkozy , Merkel ou Brown n’a dai- gné mettre les pieds au sommet de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) qui s’est tenu à Rome du 16 au 18 novembre dernier. Evidemment, il ne s’agissait pas de trouver de l’argent pour sauver le capitalisme mis à mal par le «système Madoff» ou de renflouer les banques défaillantes. Il ne s’agissait que d’examiner la situation dramatique de quelqu’un milliard de parias, de damnés de la terre, qualifiés de «professionnels de la mendici - té» par certains, mais victimes en réalité de la pauvreté, mena - cés par la faim et la disparition. Car , les grandes entreprises, les grands dirigeants et leurs institu - tions, n’ont aucun intérêt à sauver le monde de la faim. Ils se concent - rent essentiellement sur l’augmen - tation constante de leur part de marché, de leurs marges bénéfi - ciaires. C’est cela l’essence du capi - talisme, que Nicolas Sarkozy , «hor- rifié» un moment par les dérives et les ravages provoqués par ce systè - me, semblait vouloir «réformer»…W ait and see ! Des promesses, des promesses, tou- jours des promesses, mais pas d’ar- gent ! La déclaration finale n’impose aucun calendrier aux pays riches pour lutter contre la faim. Les appels de Jacques Diouf, Directeur général de la FAO à lever 44 milliards de dollars d’aide sont restés lettre morte… Pendant que Barack Obama, récent Prix Nobel de la paix, ou Nicolas Sarkozy, chanoine de Latran, parcouraient le monde, retenus sans doute ailleurs par des problèmes plus urgents et plus importants que la famine qui menace un milliard d’êtres humains, le pape Benoît XVI, lui, honorait de sa présence, l’invita - tion de Jacques Diouf.«T out cela survient, a dit Benoît XVI dans son intervention, alors que se confirme le fait que la terre est en mesure de nourrir tous ses habi - tants. La convocation même de ce sommet a-t-il poursuivi, témoigne de la faiblesse des mécanismes actuels de la sécurité alimentaire et la nécessité de les repenser». «Chaque pays a le droit de définir son propre modèle économique, prévoyant les modalités pour garantir sa propre liberté de choix et d’objectifs. Pour combattre et vaincre la faim a-t-il encore dit, s’a - dressant aux pays riches, il est essentiel de redéfinir les concepts et les principes jusqu’ici appliqués dans les relations internationales, de façon à répondre à la question : qu’est-ce qui peut orienter l’atten - tion et la conduite des Etats vers les besoins des plus démunis ?». Loin de ces préoccupations papa - les, un an après la crise alimentaire de 2008, les chefs d’Etat ou leurs représentants à ce sommet de laF AO ont, dans une déclaration finale à l’eau de rose, remis en selle un catalogue de principes géné - raux : «éradiquer la faim dans le monde», «partenariat mondial sur la sécurité alimentaire», autant de refrains connus, mille fois ressassés. En tout cas, pas d’objectifs conc - rets, pas de calendrier , pas de fonds. La situation est critique, tout le monde le sait !A vant l’organisation de ce som - met, Josette Sheeran, Directrice générale du programme alimentaire mondial des Nations Unies (PAM) demandait instamment aux gouvernements donateurs, de ver- ser un montant record de 5,2 milliards de dollars, afin de pouvoir répondre aux besoins alimentaires mondiaux. Selon elle, 1% des plans de sauvetage de l’économie aux Etas-Unis et en Europe pourrait permettre de financer l’intégralité du travail de la PAM. Toujours selon Josette Sheeran, des pays comme Haïti, la République Démocratique du Congo, l’Ethiopie et le Kenya, ont déjà épuisé leurs réservesde nourriture. D’autres pays vulnérables arrivent au bout de leurs réserves alimentaires et financières avec la crise. La PAM, a dit sa directrice, sera obligée de rationner son aide, si les pays donateurs ne font pas un effort. Et c’est bien cela qui s’est passé ! Cyniques, les pays soi-disant donateurs, ont conservé l’argent destiné à l’aide alimentaire, pour mieux se livrer à la spéculation, à la razzia sur les terres africaines et asiatiques notamment !
LE FMI, ÉPÉE DE DAMOCLÈS DE L’OCCIDENT.
Mais pourquoi les pays du Sud, notamment les plus pauvres, acceptent-ils de vendre ou de louer leurs terres aussi facilement aux multinationales de l’agrobusiness, sachant parfaitement que celles-ci les utilisent pour la fabrication d’a - gro carburants ? Le poids plus qu’insupportable de la dette explique tout ! La dette place ces pays dans une situation de fragilité, de dépendance, de docilité drama - tique devant la puissance financiè - re et économique de l’occident. Pour survivre, ils sont contraints d’accepter tout apport d’argent frais, d’où qu’il vienne, sans se poser des questions sur la moralité ou les finalités des transactionsef fectuées. Les prétextes les plus fallacieux sont souvent invoqués par certains pays pauvres pour continuer à vendre leurs terres aux multinationales de l’agrobusiness. C’est le cas de l’Ethiopie, 85 millions de personnes à nourrir , qui a suspendu les opérations de 42 organisations non gouverne - mentales (ON G) dont «Médecins sans frontières», au motif que leurs activités risquent de mettre fin à la paix et au… développement dans le sud du pays. En 1997, le Cameroun dépensait 4% pour ses services sociaux et 36% pour le remboursement de sa dette. La Côte d’Ivoire 11,4% pour sesservices sociaux et 35% pour rembourser sa dette. C’est la situation générale de tous les pays du tiers-monde. Aucun moyen d’échapper à la dette ! Le Fonds Monétaire International (FMI) présidé par le socialiste français Dominique Strauss-Kahn veille et punit ! Jean Ziégler , dans son livre : «L’empire de la honte», rapporte comment en 1997, le FMI contrai- gnit la Thaïlande endettée, à fermer des centaines d’hôpitaux et d’écoles, à réduire ses dépenses publiques, à suspendre la réfection des routes, et à révoquer les crédits que les banques publiques avaient accordés aux entrepreneurs thaïlandais. La plupart des pays endettés du tiers-monde, débiteurs auprès du FMI, sont producteurs de matières premières agricoles. Ils doivent importer l’essentiel de leurs biens industriels : machines, camions, médicaments, ciment, etc, dont ils ont besoin. Sur le marché mondial, au cours de ces vingt dernières années, le prix des biens industriels a été multiplié par six. Dans le même temps, le prix des matières premières agricoles n’ont cessé de chuter. Certains prix, comme celui du café ou de la canne à sucre, se sont effondrés ! Il y a la dette, mais également les intérêts de la dette ! Pour payer rien que les intérêts de la dette et éviter ainsi la faillite, les pays pauvres doivent encore contracter de nouveaux emprunts. Un cercle vicieux d’où ils ne peuvent plus sortir. Un univers impitoyable, imposé par le FMI de Dominique Strauss-Kahn aux pays pauvres et endettés du tiers-monde. Dès lors, on comprend la violence du déchaînement des médias capitalistes, contre les initiatives prises par Hugo Chavez et ses amis - banque du Sud, accès à un carbu- rant moins cher, entre autres- afin de soustraire petit à petit les pays pauvres du Sud, de l’influence néfaste et criminelle du capitalismeoccidental. Voilà, en seulement vingt ans après la disparition du «camp socialiste», ce à quoi le capitalisme occidental est parvenu : à la «reféodalisation du tiers-monde». Peut-on parler de démocratie, de droits de l’homme, à des gens qu’on assassine à petit feu, qui crèvent de faim, s’empoi- sonnent en buvant de l’eau polluée, se nourrissent de galettes de boue, dont la survie dépend du bon vouloir et des caprices du capitalisme ? Ce capitalisme-là n’a-t-il pas agit, n’agit-il pas pour que le monde occidental mérite amplement la féroce haine que lui voue le tiers-monde ?