L’usure du pouvoir a fait son œuvre à Petit-Canal

Celui qui écrit ces quelques lignes a beaucoup de respect, de considération et d'estime pour l'homme,Florent Mitel, ancien maire de Petit-Canal battu le 30 mars 2014 lors du 2e Tour des élections municipales et communautaires.

E n effet, il ne peut pas oublier que dans les années 90, jeune marié, père de deux enfants en bas âge, devenu par la force des choses jeune chômeur après son licenciement économique de Radio Gaïac, le maire de Petit- Canal de l'époque, Florent Mitel, un grand ami de mon père décédé en 2007 et de ma famille m'a tendu la main afin de réaliser une formation rémunérée en qualité d'animateur du patrimoine dans sa belle commune avec 14 autres Guadeloupéens dont de nombreux canaliens, tous en situation de chômage au pays. Notre mission consistait à identifier et à valoriser les sites naturels, historiques, patrimoniaux et à valeur touristique pour bâtir une politique municipale axée sur l'implication de tous les citoyens, de tous les acteurs économiques, sociaux, culturels, sportifs et des personnes ressources de la cité et sur la protection et la valorisation de l'environnement canalien pour déboucher à terme sur une démarche de développement durable à Petit- Canal avec pour axe fort le développement de l'éco-tourisme sur le territoire communal. A ce titre, avec les charretiers canaliens, nous, les animateurs du patrimoine recrutés par la mairie de Petit-Canal, nous avons contribué fortement à créer un circuit écotouristique avec départ à Duval, visite et découverte de l'arrière pays et des beaux paysages du territoire, arrivée à l'Anse- Maurice, journée-dét ente pour les visiteurs d'un jour sur la plage et retour à Duval. Circuit réalisé entièrement Aller/- Retour en «charettes à bœufs». Les animateurs du patrimoine que nous étions à cette époque, modestement, nous avons apporté notre «grain de sel» à toute l'équipe de l'architecte désigné par la mairie de Petit-Canal dans le processus de conceptualisation du projet connu aujourd'hui comme le site de Duval à Petit-Canal. A titre personnel, en retenant ma candidature pour être parmi ces animateurs du patrimoine, Florent Mitel m'a permis d'ajouter à ma formation universitaire de journaliste une formation complémentaire d'animateur du patrimoine qui manquait à mon CV avant d'intégrer en 2001 la fonction publique territoriale pour une longue et belle carrière de fonctionnaire comme communiquant public et de collaborateur référent dans le privé en qualité de journalisteconsultant en communication dans les domaines touchant à l'environnement, au développement durable, au patrimoine naturel, bâti, architectural, historique, touristique ou encore éco-touristique. Honneur et respect donc pour l'œuvre de Florent Mitel dans sa commune de Petit-Canal !

DES DYSFONCTIONEMENTS ET DES MANQUEMENTS AU PLAN MUNICIP AL

Mais, force est de reconnaître qu'en matière de gestion municipale, indépendamment de la rigueur budgétaire et financière que faisait preuve Mitel avec la reconnaissance de tous les observateurs avisés sur le plan politique et journalistique en Guadeloupe, il manquait à l'appel dans la démarche municipale canalienne une politique publique d'animation du territoire audacieuse, dynamique, assumée, connue, reconnue et partagée par tous. La commune de Petit-Canal, bien qu'ayant un adjoint délégué à la communication, n'avait pas en son sein un service communication et communiquait mal ou très peu sur ses propres réalisations municipales. L'ancienne municipalité mettait en place des infrastructures sportives et dotait tous les clubs sportifs (Equinoxe, Rapid, Phare, Solidarité 2000) de subventions tant sur son budget primitif que sur son budget supplémentaire à chaque exercice budgétaire, mais, malheureusement les relations municipalité/associations sportives se sont brutalement détériorées après les élections municipales et cantonales de 2008. Les associations culturelles de Petit- Canal, dotées de très peu de moyens financiers menaient tant bien que mal des activités d'animation sur le territoire, sans une grosse implication des décideurs politiques locaux. Le Centre Social de Petit-Canal qui n'est pas, il faut le signaler , une structure municipale, mais un centre fondé et géré par la CAF (Caisse d'Allocations Familiales) est celui qui organisait dans la durée et toute l'année des animations dans la cité avec ses modestes moyens humains, matériels et financiers. En résumé, la collectivité communale dirigée par Mitel ne comptait ni un service culturel, ni un service sportif, ni un service de communication digne de ce nom pour conduire su r le plan administratif et technique les politiques publiques à l'échelle de la commune dans les domaines de la culture, du sport, de l'animation du territoire, de la communication institutionnelle et du marketing territorial. Le service technique de la ville se contentant d'assurer uniquement l'entretien des équipements sportifs communaux. Petit à Petit, progressivement, mais sûrement, la municipalité de Mitel s'est coupée consciemment ou inconsciemment de la jeunesse, de ses associations culturelles et sportives en ne mettant pas en place comme ailleurs dans les autres communes mieux organisées des conventionnements ou des contrats d'objectifs avec le monde associatif local pour formaliser et sécuriser les relations partenarialesville/associations. Les principaux dirigeants des associations culturelles et sportives de la place, il faut le noter au passage, ne se gênaient plus pour critiquer publiquement l'équipe municipale et soutenir discrètement ou ouvertement, mais ô combien ef ficacement, l'opposition municipale menée par le jeune, Blaise Mornal, le nouveau maire de Petit-Canal depuis le 30 mars 2014. Force est de constater que la nature ayant horreur du vide, Mornal et son équipe ont développé sur le terrain une stratégie intelligente de conquête de la mairie de PetitCanal suite à leur courte défaite aux élections municipales et cantonales de 2008 en misant d'abord et surtout sur les nombreux dysfonctionnements et manquements de l'équipe Mitel. Mitel n'a pas su tirer tous les enseignements politiques de sa très courte victoire aux municipales et aux cantonales de cette année-là alors que de fait, nous étions à Petit-Canal devant deux gros avertissements tant sur le plan politique qu'électoral. Mitel à Petit-Canal a échoué lamentablement au niveau de l'approche pragmatique des problématiques de la jeunesse, de la culture, du sport et par un grave déficit dans l'animation de la ville pilotée par la puissance publique communale. Jusqu'au bout, il s'est accroché obstinément à son vieux logiciel politique des années 70-80 alors que dans le même temps Petit-Canal des années 2000 connaissait de profondes mutations sociétales qui bouleversaient toutes les données d'un point de vue socio-culturel. Il n'a pas pu ou il n'a pas su s'adapter aux nouvelles exigences des forces vives canaliennes qui dans cette commune du Nord Grande-T erre voulaient en réalité voir autre chose et aspiraient quant au fond à un changement radical de politique en mettant l'accent sur le renouvellement du personnel politique à Petit-Canal. Avec la défaite de Mitel aux élections municipales et communautaires de 2014, c'est une grande page de l'histoire politique qui se referme sous nos yeux dans la commune de feu Maximilien V récord dont Florent Mitel était l'héritier politique direct. L'usure du pouvoir a véritablement fait son œuvre à Petit-Canal.