FUSILLADE DE MAI 1967 :Combien de tués par les balles coloniales ?

47 ans après les évènements de Mai 67,les Guadeloupéens ignorent toujours le nombre de personnes tombées sous les balles françaises.

C omme aime à le répéter souvent notre camarade Victor Arthein, il n'y a pas de hasard et c'est peut être vrai. Il a fallu l'arrivée au gouvernement de la Ministre George Pau- Langevin au ministère des Outre-Mer pour qu'une attention soit accordée à ce dossier, oh ! Combien sensible et dérangeant pour certains. En ef fet, un arrê té du 22 avril pris par la Ministre Pau-Langevin et publié au journal of ficiel du 2 mai, crée une commission d'information et de recherche historique. Elle sera chargée d'étudier, entre autres, les évènements survenus entre les 26 et 28 mai 1967 en Guadeloupe. Dans ce mois de commémoration chargé d'histoires, Guadeloupe 1ère a profité de l'opportunité et interrogé Félix Flémin, Secrétaire Géné-ral du Parti Communiste Gua-deloupéen, sur cette initiative.

Q : Comment accueillez-vous la création de cette commission d'information et de recherche scientifique sur les évènements de Mai 67 ?

Félix Flémin : On dit en France, que lorsqu'on veut enterrer une question, on crée une commission

. Donc, nous espérons que ce ne sera pas le cas ! Je voudrais, ici, rappeler que s'agissant des évènements de mai 67, le lendemain de ces évènements, le Député communiste guadeloupéen Paul Lacavé avait demandé au Parlement la création d'une commission d'enquête. Depuis, nous n'avons eu cesse, ainsi que d'autres forces anticolonialistes de la Guadeloupe, de réclamer à l'Etat français, d'abord la reconnaissance de ce crime colonial, mais aussi, la mise en place d'une commission d'enquête impartiale. Elle aurait pour objet, après l'ouverture de toutes les archives administratives et militaires, de faire la vérité et de rendre justice aux Guadeloupéens qui ont été assassinés par ce crime d'Etat. Donc, aujourd'hui, nous accueillons cette démarche comme un premier pas mais, nous espérons qu'il ne s'agit pas, comme je le disais plus haut, d'enterrer cette question fondamentale parce que c'est celle-là qui explique encore la crainte et la peur chez beaucoup de Guadeloupéens, depuis ce crime impuni.

Q : Alors qu'un député communiste a interpellé le gouvernement, il semblerait en tout cas, que des organisations patriotiques ont accusé également un autr e Communiste r esponsable, en l'occurr ence Henri Bangou, d'avoir été complice quelque part en ayant désigné untel ou untel !

F .F :L'histoire a droit à ses accusations. Ce qui est certain, c'est que la vérité doit être faite sur Mai 67. A qui a profité le crime ? Qui à cette époque-là menaçait véritablement le pouvoir colonial français ? Est-ce que ce ne sont pas les Communistes, par rapport à la revendication qu'ils portaient et qui était portée par une majorité de notre peuple ? Il faut se rappeler le contexte. La position du Parti Communiste Guadeloupéen de l'époque, celle de l'autonomie, laquelle demeure toujours d'actualité, n'était-elle pas ce qui, avec le mouvement social, allait remettre en cause le cadre économique, politique et social qui régissait la Guadeloupe ? Qui avait donc intérêt à massacrer cette population, à faire perdre cette revendication montante portée par les Guadeloupéens sur une base des idéaux et des propositions du Parti Communiste Guadeloupéen ? Les historiens devront éclairer la Guadeloupe sur cette réalité objective.