1er mai studieux au square Amédée Fengarol avec la CTU
Ce 1 er mai 2014,deux organisations s yndic ales,dont la CTU (C entr ale des T r a vailleurs Unis),ont préféré faire bande à par t, pour faire le point sur l'action s yndic ale en Guadeloupe.Nous avons rencontré M. Ale x Lollia,un des dirigeants de l'or ganisation qui nous expliquera les raisons de cette démarche.
Nouvelles-Etincelles : Pourquoi avez-vous choisi le square Amédée Fengar ol pour mener vos réflexions, en ce 1ermai ? Alex Lollia :C'est un symbole pour nous car, Amédée Fengarol a été un grand syndicaliste, un grand lutteur , un grand militant communiste et c'est aussi important de rendre un hommage bien mérité à nos anciens militants. Ils ont beaucoup de choses à nous apprendre, c'est ce que nous faisons aujourd'hui car, à mon avis, nous sommes en train de déraper et il faut que nous recherchions nos racines.
NET : P ourquoi y-a-t-il une sorte de division pour ce 1er mai ? A.L :Il n'y a pas de division. Il y a une différence d'appréciation de la situation. Il y a beaucoup de gens qui pensent qu'il faut que nous respections la tradition qui veut que les organisations défilent dans les rues de la même manière que nous mangeons du boudin de Noël chaque année. Nous, nous disons que la situation exige une réflexion de toutes les organisations et de tous les salariés, pour déterminer quelle orientation que nous devons prendre
. Il y a une difficulté : c'est que nous avons mené un combat qui était extraordinaire, qui a été perçu par l'ensemble du monde entier, 44 jours de grève. Certains sont sont allés jusqu'à 65 jours. Au bilan, les gens ne sont pas satisfaits. Ce que nous avons cru gagner sur papier, nous l'avons perdu dans la réalité. Et on se rend compte, qu'il y a une difficulté pour mobiliser aujourd'hui la population. On licencie, on sanctionne, des entreprises se ferment, c'est la liquidation à tours de bras ; Les dépôts de bilan se succèdent et, pourtant, il n'y a pas une réaction.
NET : Pourquoi ? A.L : Je soupçonne qu'il n'y ait pas de réaction aujourd'hui parce qu'il y a une méfiance. Il y a un manque de confiance dans la capacité des syndicats à riposter. Donc, s'il y a cette difficulté, eh bien, il faut que nous nousasseyo ns, que nous prenions le temps, pas forcément le 1er mai, mais à un moment donné, il faut que nous fassions le bilan de ce quenous avons fait ensemble pour analyser ce qui a fonctionné et ce qui n'a pas fonctionné.T ant que nous n'aurons pas fait cette démarche, et que nous crierons woulo bravo à chaque fois que nous aurons mené un combat, rien ne sera pris au sérieux. En fait, le peuple ne croit plus. Il sait, quand il regarde sa fiche de paye, qu'il a perdu. Donc, il faut que nous prenions sur nous, calculer , discuter , même si nous avons quelques petites divergences, ce n'est pas grave, même si nous aurions quelques petites divergences ce n'est pas grave. Nous devons regarder ce que nous pouvons faire ensemble. Il ne faut surtout pas que l'expression des salariés soit accaparée par les dirigeants. Il faut laisser les salariés se prononcer sur ce qu'ils peuvent faire, comment ils voient le combat. Quelle expérience personnelle qu'ils pourront mettre au service du plus grand nombre. Aujourd'hui, cette démarche n'est pas encore faite. Nous devons repartir sur de nouvelles bases.
NET : Tenant compte des effets dévastateurs de la crise mondiale du capitalisme, comment voyez-vous l'avenir de la Guadeloupe ? A.L :Il est dur ! Parce que nous
ne pouvons pas faire de syndicalisme si nous ne faisons pas de la politique. Il ne faut pas croire que le syndicalisme est à part, qu’on lutte au jour le jour et que la politique est réservée aux «Grands Grecs» et que ce sont eux qui parlent de statut etc… L'action syndicale et l'action politique sont comme deux “kwi” formant la calebasse. Donc, lorsque nous engageons une réflexion et une action, nous devons l'engager sur le plan syndical mais en même temps avec une viséepolitique. Tant que nous pourrons mener la lutte dans ce système, notre action se limitera à le consolider mais nous ne le détruirons pas. Or, tous nos problèmes découlent de l'organisation du système en place. Nous sommes amarrés à l'Europe, nous sommes amarrés à la France et nous n'avons pas un pouvoir capable d'orienter le développement économique, le développement social, la question culturelle, la question de l'Education et la question de la formation et c'est ce qui nous embarrasse. Si nous avions gagné une augmentation de salaire, nous l'aurions perdu avec l'inflation. Même si nous gagnons une augmentation de salaire mais ce sont les entreprises des Hayot qui en bénéficieront. Cette augmentation de salaire ne participera pas à la production guadeloupéenne, ni au développement de la production. Donc, c'est un problème qui est à la fois syndical et politique. Si nous n'arrivons pas à comprendre cela vite, mais très vite, je crois que nous prendrons un retard considérable qu'il sera d ifficile de remonter.