Encore sur la question du statut politique pour la Guadeloupe

J' ai déçu, et je crois, assez profondément, un vieil ami qui se réjouissait de l'annonce faite par le président de la République française à propos de la réforme des institutions de son pays confirmée par son Premier ministre.

Il s'agit simplement de la volonté affichée de supprimer les départements et de reconsidérer la dimension, et peut-être, les nouvelles attributions des Régions. Et faisant pratiquement la nique aux dirigeants de la fédération guadeloupéenne du Parti Socialiste Français : «Ils l'ont dans le 'baba' ces dirigeants qui ne veulent rien changer». Il ajouta : «Tu dois être satisfait. Il y a tellement longtemps que vous au PC vous réclamez un changement de statut. Et toi, tu n'as jamais cessé d'écrire dans l'Etincelle à ce sujet…».

«Mais il ne s'agit point là d'un changement de statut», répliquai-je. «Il s'agit juste d'une réforme des institutions françaises en général qui ne prend nullement en compte notre situation particulière. Encore une fois, on ne demande pas au peuple guadeloupéen son avis. On ne lui permet pas d'exercer sont droit à la libre disposition. C'està-dire de choisir librement ce qu'il croit bon ou pas pour lui. Cela signifie qu'il n'est pas respecté, et que les colonisateurs français de gauche ou de droite n'ont que mépris à son égard puisque dans leur législation ils l'ont réduit à la notion géographique de population».

Il me regarda avec tristesse et eût cette sortie : «Si tu n'admets pas que c'est quand même une avancée, nous nous n'en sortirons jamais». Et quand je voulus relancer la discussion et expliquer que sur le plan pratique tout le monde quelque peu sensé est d'accord qu'une seule assemblée c'est un gain en temps et en argent mais, qu'il ne s'agit là au cunement d'un réel pouvoir politique domicilié au pays Guadeloupe, il avait déjà pris la poudre d'escampette. Il est vrai que je l'avais vexé en lui ajoutant qu'il ne devait pas lire sérieusement mes papiers sur la question.

En fait, comme certains amis qui trouvent juste notre politique d'autonomie, celui en question avec lequel j'échange assez souvent sur le sujet, considère qu'il est plus simple de se battre pourl'ap plication de l'article 74 au lieu de se compliquer la tâche avec le principe de l'exercice du droit à l'autodétermination que nous mettons en avant. Ceci surtout qu'il redoute, dans le cas d'une élection d'une assemblée constituante, que la majorité des membres élus soient pour le statu quo. Sans cracher sur l'article 74 et les possibilités de l'érection par ce biais d'un statut d'autonomie pour notre pays, il est pour nous fondamental que le processus d'émancipation politique de notre peuple soit l'expression de son choix librement exprimé en respectant tous les courants de pensée. Quant au risque du maintien du statu quo, c'est d'ailleurs un risque à courir puisqu'il participe de la responsabilité individuelle et collective des Guadeloupéens et des Guadeloupéennes à assumer en toute connaissance de cause leur destin de peuple.

Et c'est précisément là où nous mettons en avant la formulation «toute connaissance de cause». La question du préalable à cettecon sultation, des conditions dans lesquelles sera conduite la campagne précédant celleci reste majeure. Dans la campagne à travers les média, devra être garantie la parfaite égalité de temps d'intervention aux partisans des dif férentes options. Surtout, cette campagne devra revêtir un caractère particulier et disposer d'une durée plus importante que les campagnes électorales habituelles et être conduite avec une acuité pédagogiqueexceptionnelle.

Chaque Guadeloupéenne, chaque Guadeloupéen devra pouvoir se libérer des peursengen drées par la manipulation des consciences et d'autres machinations politiciennes pour enfin assumer leur choix d'hommes et de femmes majeurs et libres affirmant leur volonté de prendre en main leur destin et de se construire une nouvelle humanité.