Les 5 : Lettre au Pape François

Sa Sainteté,

Je vous avais écrit le 6 juin 2013 au sujet de cinq antiterroristes Cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, Ramón Labañino, Fernando González, et René González, arrêtés en septembre 1998 aux Etats-Unis, puis très lourdement condamnés après une parodie de procès à Miami. Les trois premiers sont toujours emprisonnés aux Etats-Unis. Vous avez reçu au Vatican le 27 mars 2014 Barack Obama. Ce président vous admire et a trouvé merveilleux de vous rencontrer. Avec respect, vous lui avez dit «l'importance pour tous d'aborder les problèmes du monde selon une perspective morale, et pas simplement en pensant selon son propre intérêt étroit». Le président Obama, a une occasion unique de mettre en pratique vos sages paroles en faisant libérer les trois Cubains. En effet, un citoyen des Etats- Unis, Alan Gross, sous-traitant de l'USAID, agence du gouvernement de ce pays, a introduit clandestinement à Cuba des équipements de communication sophistiqués, comme des téléphones cellulaires indétectables dotés de cartes SIM, le plus souvent utilisées par le département de la Défense et la CIA. Arrêté en 2011, cet homme a été jugé et condamné à 15 ans de prison. Le 3 décembre 2013, 66 sénateurs démocrates, républicains et indépendants ont appelé le président Obama à donner une priorité humanitaire à la libération de M. Alan Gross et à prendre toute mesure qui serait dans l'intérêt national des États-Unis, d'une manière immédiate, afin d'obtenir sa libération. La Directrice Générale du Département chargé des États-Unis au ministère des Relations extérieures de Cuba, Josefina Vidal Ferreiro, a aussitôt, déclaré (Fernando González n'était alors pas encore libéré) : «Le gouvernement cubain réitère sa disposition à établir sur le champ un dialogue avec le gouvernement des États-Unis afin de trouver une solution à l'affaire de M. Gross sur des bases réciproques qui prennent en compte les préoccupations humanitaires de Cuba concernant ses quatre ressortissants combattants antiterroristes incarcérés aux États-Unis». Le 3 avril, Alan Gross, actuellement dans l'hôpital pénitentiaire de La Havane, se sentant abandonné, a commencé un jeûne qui a duré une semaine. Le gouvernement cubain a aussitôt réitéré sa propositio n de dialogue avec votre gouvernement en vue d'un échange humanitaire avec les trois Cubains. Une délégation de parlementaires des Etats-Unis a visité Cuba début mai. Conduite par Barbara Lee, cette délégation composée de quatre élus a rencontré Alan Gross et a appelé les Etats-Unis à ouvrir des négociations en vue de sa libération. Elle souhaite que ces négociations soient élargies au sort des trois agents secrets cubains toujours emprisonnés aux Etats-Unis. Un tel échange humanitaire entre les trois cubains et Alan Gross serait l'opportunité pour les deux pays de renouer des relations selon «une perspective morale». Le président Obama vous admire, peut-être pourriez-vous lui suggérer de répondre positivement à toutes ces demandes qui permettraient aux trois cubains Gerardo Hernández, Antonio Guerrero, et Ramón Labañino, et à Alan Gross de retrouver leurs familles respectives. Je vous assure très humblement de mes sentiments humanistes les plus sincères.

18 mai 2014