Responsabilité de la République française dans la Traite des Noirs
Dans un article publié dans le France-Antilles 12875 du 14 janvier 2013,l'historien Jacques Adélaïde affirme,je cite,«La République française n'a pas de responsabilité dans la traite négrière».
J e ne suis pas historien, mais je ne peux être d'accord avec cette thèse qui laisserait entendre que la traite, voire l'esclavage n'a été le fait que de la monarchie française, donc de la Royauté. Quelque part, en matière de Réparations, nous Afro-descendants, nous ne pourrions rien réclamer à l'Etat français, sauf si la Royauté était de nouveau au pouvoir en France…(sic). Une remarque que nul ne saurait contester d'abord : La Révolution française a eu lieu le 14 juillet 1789, mais de 1789 à 1794, l'Esclavage et la Traite ont continué de plus belle dans les colonies françaises, en dépit des envolées lyriques de la Déclaration des droits de l'Homme et du Citoyen qui de fait excluait les «HommesNoirs». Ensuite la vérité historique toute simple se trouve dans la définition de la Première République française qui passa par trois formes de gouvernement ou régime politiques dif férents : 1) La Convention Nationale, entre le 21 septembre 1792 et le 26 octobre 1795, au cours de laquelle il y eut à la fois la période dite de la Terreur (1793-1794) et la première abolition de l'Esclavage le 4 février 1794, sous l'impulsion des 3 députés envoyés par St Domingue et en particulier le Noir Bellay. Il convient de rappeler que nos voisins de la Martinique, eux, n'ont pas connu cette abolition, contrairement à la Guadeloupe et la Guyane, leur pays étant alors occupé par les Anglais avec la bénédiction des békés martiniquais. 2) Le Directoire, fondé par la Constitution de l'an II, qui s'étend entre le 26 octobre 1795 et le 9 novembre 1799, date à laquelle Bonaparte prend le pouvoir en France. 3) Le Consulat, entre le 10 novembre 1799 et le 18 mai 1804, est issu du Coup d'Etat de Bonaparte du 18 brumaire et défini par la Constitution de l'an VIII. Ainsi, contrairement à ce beaucoup pensent, le Consulat s'inscrit bien dans le cadre de la République française. Pour mémoire, lorsque en 1802, le Ministre de la Marine française, un certain Decres déclare «je veux les esclaves de nos colonies… La Liberté est un aliment pour lequel l'estomac des nègres n'est pas préparé…» son écrit se fait sur un par chemin portant l'en-tête «République française» et «Liberté-Egalité». En relation avec Lacrosse qui intrigue depuis la Dominique - Lacrosse ayant été arrêté par Ignace et expulsé de la Guadeloupec'est lui qui persuade Bonaparte qu'il faut envoyer en Guadeloupe une expédition considérable pour rétablir «l'ordre et l'esclavage». Enfin, c'est sous ce Consulat, donc dans le cadre de la République française qu'est votée la Loi de 20 mai 1802 rétablissant l'esclavage et la T raite Négrière qui n'a en réalité jamais cessé. De fait, c'est sous la pression des anglais qui contrainte et forcée la France va abolir la Traite en 1815, abolition qui ne sera pas appliquée, tant les profits étaient juteux pour les trafiquants et l'Etat français. La Traite vaconna itre ensuite plusieurs abolitions, toujours détournées par les principaux Ports négriers comme Nantes et Bo rdeaux pour ne citer que ceux-là. D'ailleurs, dans un article paru en 2005 dans France-Antilles, intitulé «Quand les marchands pointois contournaient la Traite» il est rappelé qu'en dépit de l'abolition de la Traite , les marchands pointois continuaient à importer des Noirs d'Afrique avec la complicité bienveillante des Autorités coloniales de la Guadeloupe.