La Police a-t-elle les moyens pour freiner la délinquance en Guadeloupe ?

Depuis quelques années, on se rend compte qu'il y a un malaise au niveau de la Police en Guadeloupe mais aussi une incompréhension entre la population et ceux qui sontsensés assur er leur protection. Pour mieux comprendre les montants et aboutissants, nous avons rencontré Monsieur Christian V ainqueur responsable syndical SGP Police FO.

Nouvelles-Etincelles : Qu'est-ce qui se passe au sein de la Police ? Christian Vainqueur :Depuis l'arrivée de M. Nicolas Sarkozy au Ministère de l'Intérieur , il s'est servi de la Sécurité comme un tremplin afin de se hisser à la tête de l'Etat. A l'époque, il a donné à la Police, les moyens et les effectifs. Son objectif a été atteint en devenant Président, avec son complice M. Claude Guéant. Ils ont commencé par enlever les policiers des rues. Ensuite ils ont mis en place une politique de révisionnisme générale où ils ont intégré la police nationale. De même, un policier sur deux partant à la retraite n'est pas remplacé. C'est une nouvelle donne qui nous a fait beaucoup de mal car déjà, nous ne recevions pas beaucoup en effectif et le fait de ne pas remplacer les départs, notre ef fectif s'amenuise. Exemple, dans la commune de Deshaies, c'est la Compagnie départementale d'intervention qui est au Morne Vergain aux Abymes qui assure. Pour les communes de Basse-Terre et de Capesterre Belle-Eau, il y avait un service particulièrement vieillissant malgré le panachage de jeunes et de séniors dans les équipes

. Après le départ de la moitié des agents de ces services, l'ef fectif a baissé de moitié. A la CDI, ils étaient au nombre de 120 fonctionnaires, maintenant ils se retrouvent pratiquement à 52 agents. A Capesterre Belle- Eau, il y avait des brigades, pratiquement de 10 à 12 fonctionnaires, grâce auc oncours des adjoints de sécurité, ils arrivent au nombre de 5 ou 6 fonctionnaires par brigade. Pire encore, Basse-Terre qui est le chef-lieu, àma dernière visite, elle était quasiment dans la même situation que Capesterre Belle-Eau, c'est-àdire, qu'il y a deux agents en patrouille à Capesterre et c'est la même situation à Basse-Terre, pour la Police Nationale c'est cette réalité que nous vivons. Donc pendant très longtemps, sous la mandature de M. Sarkozy, nous tirions la sonnette d'alarme en disant clairement que cette situation nous mènerait inexorablement dans le mur. Dans le même temps, la délinquance augmentait de plus en plus, puisque le nombre de morts est particulièrement effarant en zone police. A l'époque, M. Victorin Lurel, qui était Président du Conseil Régional de la Guadeloupe a fait appel à la Police pour mettre en place le Congrès contre l'insécurité. Nous avions fait un travail conséquent, reconnu par tous, même par un de ses camarades du PS, membre parlementaire, chargé de la sécurité, venu pour l'occasion. Il est venu féliciter la Police nationale du syndicat SGP Police pour nous dire que le travail que nous avions effectué, c'était du jamais vu alors qu'il côtoyait tous les policiers de l'hexagone. Les gendarmes qu'ils ont fait venir au mois de juillet, devaient partir au mois de décembre. Quand M. V alls est arrivé, nous lui avions dit à nouveau, que ce n'était pas normal cette situation, que nous savions imminent le départ des gendarmes, qu'a-t-il prévu pour renforcer la police suite à ce départ pour ne pas se retrouver dans la même situation qu'auparavant. Si nous avions été renforcés par 75 gendarmes c'est qu'il y a un besoin réel ! Entre temps, Messieurs Eric Jalton et Jacques Bangou préparaient leurs élections. Ils ont négocié en catimini avec M. Valls pour que les gendarmes puissent rester jusqu'après les élections municipales. Comme dit, comme fait, une fois les élections passées, les gendarmes sont repartis. Nous l'avions annoncé à M. Valls, il nous a dit qu'il faut faire une réorganisation des Services, ensuite nous ferons un bilan, qu'il reviendra au printemps et nous verrons avant septembre étant donné qu'il y a les C.A.P (Concours Administratif de la Police) et nous verrons ce que nous pourrons faire pour vous. J'ai rétorqué : «Mais vous nous sortez n'importe quoi !». Nous sommes dans une situation de fait où la Préfète qui est assise à vos côtés, connaît bien la situation, nous n'avons pas à attendre janvier pour faire le bilan car nous connaissons la situation et vous vous permettez de nous demander de nous réorganiser avec ce qui existe déjà !

NE : Comment interprétez-vous la demande du Ministr e, vous êtes mal utilisés ? C.V :Cela veut dire que nous sommes des fainéants et qu'on nous utilise mal alors que c'est faux. Si la délinquance a baissé depuis novembre, quelle en est réellement la cause ? C'est parce qu'entre temps, la Police Nationale n'est pas partie en vacances. Nous sommes dans une logique où nous ne sommes pas écoutés !

NE : La Ministre George PauLangevin est passée au commissariat, avez-vous eu un entretien avec elle sur les dif ficultés que vous rencontrez ? C.V : C'est vrai qu'on a fait une grande messe. Ce genre de grande messe est faite pour la communication de la Ministre. Nous avons décidé que personne ne se moquera plus de nous et nous avons refusé d'y participer. Le Premier ministre A yrault est venu, il nous a dupé, M. Valls est venu, il nous a aussi dupé. Aujourd'hui, si la visite de Mme Pau-Langevin avait portée quelque chose de plus pour la Police nationale, nous l'aurions su. Les gens n'ont aucune considération ni pour nous, ni pour les Guadeloupéens. Lorsque les gendarmes étaient présents, la police et les gendarmes ont eu le droit de réquisition, c'est-à-dire, que nous pouvions ouvrir les cof fres de voitures, nous pouvions demander à n'importe qui de soulever la selle de son booster . Depuis le départ des gendarmes, le Procureur n'a donné encore aucune réquisition. Comment dans ces conditions pouvonsnous avoir des résultats ? Pendant très longtemps, nous avions réclamé un originaire des DOM au Ministère de l'Outre-Mer car ils sont sensés connaitre le pays, nos réalités et les codes de l'Outre-Mer . On nous a accordé trois Ministres guadeloupéens de l'Outre-Mer qui nous n'ont rien rapporté. M. Lurel, a même réussi à nous faire passer auprès des Européens pour des fainéants. Il nous a même diffamé, car, il a déclaré lors de la visite de M. Ayrault que c'est nous qui avions éteints les lumières lors des problèmes à la cour Zamia. Il a même déclaré que nous avions arrêté des gens, et pour boycotter l'action de la police que nous les avionsrelâché. Cependant, si l'un d'entre nous venait à rester au sol, je vous garanti que personne ne viendra dans la cour du Commissariat pour faire un quelconque discours, car, nous les empêcherons d'entrer.