Les communistes portugais au plus haut, à près de 13%,

Les sondages le laissaient pressentir,mais l’annonce des résultats offre un fait saillant au Portugal:pendant que les communistes du PCP (dans la coalition de la CDU) continuent à voir leurs résultats progresser,le Bloc de gauche se révèle en pleine décrépitude.

E n attendant l’ensemble des résultats européens, le cas du Portugal est sans doute le plus intéressant et le plus clair pour étudier c e qui différencie les communistes porteurs d’une ligne de rupture avec le capitalisme et l’UE du Capital et la «gauche européenne» d’accompagnement.

L ’analyse des résultats globaux montre tout d’abord une déroute historique pour la droite portugaise. Loin des discours optimistes dans la presse portugaise sur la soi-disant reprise économique au Portugal, le peuple portugais a sanctionné les artisans de l’austérité depuis 2011. Le Parti populaire (PP)/Centre démocratique et social (CDS) ainsi que le Parti social-démocrate -les trois formations de droite traditionnelles- n’obtiennent que 27,8% des voix en 2014, contre 40% en 2009. Une perte partiellement compensée par l’émergence du Parti écologiste de droite, libéral «Mouvement pour notre terre», crédité de 7% des voix, obtenant un député européen. Le Parti socialiste, lui, profite de l’impopularité de la droite : avec 31,5% des voix, il gagne 5 points par rapport à 2009 et redevient la première force politique du pays. Frappant également de constater l’absence d’extrême-dr oite organisée au Portugal, frappant de le lier à la «gauche de la gauche» avec la vigueur de la force organisée des communistes du PCP, réunis dans la coalition de rassemblement de la CDU, avec les Verts et des candidats indépendants. Fortement ancré dans le monde ouvrier, bénéficiant de ses liens avec la CGTP, dans les quartiers populaires, les «terres rouges» de l’Alentejo, le Parti communiste continue son irrésistible progression.

En 2009, le Parti communiste et le Bloc de gauche étaient au coude-à-coude, chacun frôlant les 11%. C’était alors le Bloc de gauche qui avait gagné ce duel d’une courte tête, avec 10,73% contre 10,66% pour le PCP … empochant à l’occasion un troisième siège dont sont privés les communistes.

En 2014, c’est la grande divergence. D’abord par l’écroulement du Bloc de gauche qui passe donc d’un score à deuxchif fres à 4,5%. Sur ces trois députés, le Bloc de gauche ne devrait en sauver qu’un seul.

Ironie de l’histoire, le Bloc de gauche a subi les effets dramatiques du départ en plein mandat d’un député européen élu sur ses listes, Rui Tavares, débauché par Daniel Cohn-Bendit et les Verts Européens. Le parti «Libre» fondé parT avares se revendique d’une «gauche libre», libertaire, écologiste et profondément européiste. Sans faire de miracles, ce parti a obtenu toutefois 2% des voix, puisant dans l’électorat traditionnel du Bloc.

Pour les communistes du PCP, le passage de 10,6 à 12,7% constitue un résultat historique : il s’agit tout simplement du meilleur score du Parti depuis 20 ans, dépassant les 11,2 % réalisées en 1994 par la coalition de laCDU. La conquête d’une troisième place de député est encore incertaine, mais elle sedessinerait. Une victoire qu’on ne peut pas minimiser quand on sait que le Portugal a encore perdu un député avec l’entrée de la Croatie dans l’UE. La CDU s’ancre incontestablement comme troisième force du pays, le succès aussi d’une campagne ancrée sur le rejet de la politique de la «troika» à la fois européenne (FMI, BCE, UE) et nationale (les trois partis dominants: PSD, CDS-PP, PS).

Une campagne qui a posé la question de la sortie de l’euro, sans pour autant évacuer la complexité des modalités pratiques, et tout en la liant à la construction d’une alternative patriotique et de gauche. Face à cette ligne cohérente, portée par les communistes depuis l’adhésion du Portugal à la CEE, le T raité de Maastricht, l’adhésion à la monnaie unique, le Bloc de gauche s’est empêtré dans sescontradictions, révélant un européisme de fond de moins en moins compatible avec l’esprit du peuple portugais.

La tête de liste pour les européennes, Joao Ferreira, a salué ce soir là: «un des meilleurs résultats de l’histoire du parti dans un scrutin européen», tout en soulignant «la lourde défaite des partis du gouvernement (de droite, qui atteignent un minimum historique» et en mettant dans le même sac le PS puisque «les partis de la droite enregistrent un recul de ses performancesélectorales»

Source : solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/