Le Mondial de foot divise les Brésiliens

A l’ouverture de la Coupe du monde de football,les pouvoirs publics brésiliens,les sponsors/multinationales, la FIFA de Blatter et Platini s’inquiètent:et si le printemps des luttes brésilien venait contester cette fête de moins en moins populaire et toujours plus mercantile?

Le Brésil est en ébullition sociale : 16 syndicats catégoriels représentant 4 millions de travailleurs étaient prêts à se mobiliser avant et pendant le Mondial pour réclamer des augmentations salariales. Du côté des mouvements sociaux, le «Mouvement des sans-abris» a mené des manifestations dans les rues des villeshôte du pays,réunissant plusieurs milliers de manifestants. Il serait réducteur de faire de cette colère l’expression uniquement de mouvements catégoriels, isolés, à contre-courant. Une majorité de Brésiliens est mécontente de l’organisation de ce Mondial, plus de 54% selon le dernier sondage, un comble au pays du football. Mais il y a de quoi être en colère : la facture de 10 milliards d’euros en fait la Coupe la plus chèr e de l’histoire (trois fois plus qu’en Allemagne, en 2006). Une facture payée à 85% par l’Etat … pour des bénéfices exclusivement privés, puisque l’intégralité des 12 stades sera exploitée par des opérateursprivés. Il est en de même pour les aéroports, ports, massivement cédés à des opérateurs brésiliens et internationaux. Une politique suicidaire pour le budget de l’Etat brésilien déjà grevé pour moitié (48%) par le paiement des intérêts de la dette : 230 milliards d’euros par an ! Et pourtant, il ne manque pas de besoins urgents dans un pays comme le Brésil où 3 millions d’enfants et adolescents sont exclus du système scolaire, où la santé privatisée se révèle incapable d’assurer les soins de santé dans des zones entières du pays … forçant la 6ème économie du monde à appeler les médecins cubains à la rescousse !

Pour le Parti communiste brésilien (PCB), héritier du Parti historique, il n’y a jamais eu le moindre doute : du côté des mouvements sociaux, des travailleurs en lutte, des 250 000 gens du peuple chassées de leurs domiciles, contre une Coupe du monde «élitiste, privatisatrice et antipo pulaire».

La majorité des billets pour la coupe du monde sont très chers si on les compare au salaire des Brésiliens. La population ne peut se permettre le luxe de gaspiller de l’argent pour ça. Il y a des dépenses basiques plus importantes. Une des causes des manifestations est justement le cout onéreux du Mondial 2014, car l’argent est publique et sort de la poche des Brésiliens. Une des phrases que l’on entend dans les rues en ce moment: «le mondial au Brésil, mais pas pour les Brésiliens».

Quand le Brésil a été choisi comme pays organisateur de la coupe du monde 2014, le Président de la FIFA, Sepp Blatter avait dit que cette compétition serait «la coupe du monde des investissements privés». Le Président Lula avait aussi affirmé cela. Finalement tout a changé et 80 à 90% des stades au Brésil sont financés par les Brésiliens. Aujourd’hui c’est la Coupe du Monde des investissements publics, du gouvernement.

C’est vraiment ça le cœur du problème, car si non les Brésiliens seraient heureux d’accueillir la Coupe du Monde.