Au combat : Eclaireurs et sentinelles

T ous ceux qui s'intéressent aux choses de la guerre savent qu'aucune troupe ne se met en marche sans une avantgarde qui balise et sécurise le terrain où elle doit se déplacer et engager le combat. Cette avantgarde constitue les éclaireurs. De même, si la troupe doit s'arrêter pour se réorganiser, reprendre des forces, il y a toujours des sentinelles aux avant-postes pour monter la garde. La Guadeloupe n'est pas en guerre. Tout au moins, il n'y a pas de bruits de bottes. Les armes ne parlent pas. Mais, la guerre n'est pas seulement l'affrontement armé, les canons, la mitraille et le sang qui coule, la mutilation des corps et la mort. Il y a d'autres formes de guerres tout aussi mutilantes, destructrices qui anéantissent l'humain sans pour autant qu'il y ait mort physique. Celles-là sont souvent plus pernicieuses, plus violentes parce que les dégâts matériels, le sang qui coule ne sont pas toujours visibles. Il se développe chez nous et dans le monde, depuis la 2e guerre mondiale qui, à croire certains philosophespropagandistes, aurait créé un choc de conscience chez l'homme, une guerre larvée, souterraine, à triple dimension : idéologique, économique et culturelle poursuivant le même objectif de domination et d'asservissement des hommes et des peuples. Pour sortir des difficultés et des contradictions dans lesquelles les enferment souvent leur appétit insatiable et leur soif de pouvoir ceux qui mènent ces guerres camouflées, les maîtres de ce système décadent soulèvent parfois le couvercle pour laisser filer la tension qui alimente une petite guerre de diversion entre les victimes de leurs propres méfaits. C'est cette situation qui nous est donnée de voir aujourd'hui dans les pays arabes. La fin de ce qu'ils appelaient la guerre froide qui n'était en fait que l'expression visible de cette triple confrontation à l'échelle internationale n'a rien changé à la stratégie des puissances capitalistes d'imposer à travers les institutions, les organismes financiers et les médias, leur conception du monde, leur modèle économique et leur code de comportement. Les victimes de cette guerre impitoyable ne le perçoivent même pas. Pire, conditionnés par les moyens technologiques déployés pour contrôler tous les aspects de leur vie, ils participent, sans se rendre compte vraiment, à leur propre embrigadement. En Guadeloupe, même si certains se gargarisent de vivre dans un pays de liberté, de démocratie, nous subissons depuis longtemps déjà cette guerre. Depuis plus d'un demi-siècle, le Parti Communiste et le journal l'Etincelle assument le rôle d'éclaireurs et desentinelles. Comme nous l'avait si bien rappelé notre regretté camarade Félicien Blonbou la veille de sa mort : Nous ne baissons pas la garde. Nous veillons, nous ouvrons le chemin et nous déminons le champ de la confrontation. Nous sommes mobilisés en première ligne de ce combat contre un ennemi politique maquillé qui ne mène plus la guerre frontale contre notre peuple, préférant utiliser les moyens modernes de coercition et surtout faire monter en première ligne ses forces de l'intérieur. La présence du Parti Communiste et de l'Etincelle a permis de démasquer cet ennemi qui est la forme organisée, de notre point de vue, la plus violente du colonialisme : l'assimilation. Elle est la plus violente parce que son objectif ultime est de transformer sa victime en son défenseur le plus déterminé, le plus fidèle. Pour empêcher cela, il faut les éclaireurs, les sentinelles mais aussi des troupes aguerries sur le front de la lutte idéologique, de la lutte culturelle et de l'économie.