LKP :Mobilisatioins,manifs, grèves,élections et après ?

S i on faisait le total des mani- festants descendus dans les rues de la Guadeloupe, à l’ap- pel du LKP depuis le mois de décembre 2008, même en sousestimant systématiquement le nombre, comme le fait la police, on obtiendrait un chiffre pas très loin de la population de la Guadeloupe. Bien entendu, les chiffres LKP seraient très supérieurs, mais qu’importe ! La bataille des chiffres n’a guère plus de sens. Plus personne ne peut contester la capacité de mobilisa- tion du LKP. Le problème n’est d’ailleurs plus celui-là. Elie Domota, lors du dernier meeting LKP, a averti, si l’Etat augmentait le prix des produits pétroliers, ce serait immédiatement le signal de reprise de la grève générale. Depuis, Marie-Luce Penchard, très occupée par la poussée de fièvre à Mayotte, ne s’est pas exprimée sur la question du prix du carburant dans notre pays. Pourtant, à l’occasion de l’un de ses récents passages dans notre pays, la Ministre des colonies avait laissé entendre, que de nouvelles hausses étaient prévues. MLP craint-elle de rallumer le feu ? A-t-elle cédé face à la menace LKP ? On sait que la réunion de l’Observatoire des prix qui devait se tenir à Fort-de-France, le 8 décembre dernier a été annulée sine die. Est-ce la preuve qu’il y aurait une «pause» dans les hausses ? LKP a donc arraché par la mobilisation populaire une «trêve» de Noël. Attention, les «pwofitè» ne sont pas tous des cons, ils savent bien qu’un climat social «chaud» en cette fin d’année aurait été préjudiciable à la reprise de la consommation. Les cartons de champagnes, les dindes congelées et les sapins made in france seraient restés sur le port de Jarry. Alors, on a fait dans le faussement raisonnable. Mais, cha- cun sait, Elie Domota le premier, qu’une fois les «fêtes» de fin d’année et les libations consuméristes achevées la «pwofitasyon» reprendra son cours normal. Alors, la question cruciale est de savoir ce qui va se passer en janvier 2010. Nous ne seront plus qu’à 90 jours d’élections qui déchaînent déjà toutes les passions. Hypothèse basse. ML Penchard n’est pas tête de liste UMP en Guadeloupe. Dans la conjoncture actuelle, on voit d’ailleurs mal, MLP figurant sur une liste où l’on retrouverait Philippe Chaulet, ennemi juré de LMC. Dans ce cas, une agitation sociale LKP, suite à une hausse du prix des carburants, ne pourrait «gêner» que la cam- pagne de Victorin Lurel. Hypothèse haute, la plus improbable, MLP est candidate aux Régionales, aurait-elle intérêt à agiter un chiffon rouge devant LKP ? La réponse coule de source. Mais, il faut aussi tenir compte de la pression de la SARA. La raffinerie le plus rentable de France, n’a pas cessé de réclamer les 90 millions d’euros de «compensation» promis par l’Etat. Du côté de la SARA, on se plaint aussi du fait que les prix des carburants pratiqués en Guadeloupe, soient «toujours» inférieurs à ceux de la France : un vrai scandale, n’est-ce pas ? Lol Ainsi, en poursuivant notre raisonnement par l’absurde, on peut penser que les élections risquent de se dérouler dans un climat assez «particulier». Mais, à qui cela profiterait-il ? MLP veut-elle miner le terrain sous les pieds de V ictorin Lurel ? Poursuivons. Elections ou pas, la «pwofitasyon» dans la colonie, ne va pas cesser . LKP est donc con - damné, comme Tantale et son sup- plice, à mobiliser, faire grève, re- mobiliser, re faire grève, une sorte de mouvement perpétuel. Mais, cela suffira-t-il à changer durablement la situation dans la colonie ? La grève est l’arme des travailleurs qui veulent obtenir une amélioration (ponctuelle) de leur condition. Dans un pays colonisé, donc dépen- dant d’un autre, la grève affaiblit tous les capitalistes. Certains, comme le groupe Cora, ont déjà choisi de déserter. Mais, les «petits» capitalistes guadeloupéens, tout en soutenant LKP, se rendent bien compte qu’ils sont aussi les victimes des mouvements sociaux. C’est donc la quadrature du cercle. LKP a déjà maintes fois annoncé et confirmé qu’il ne participera pas aux élections. Elie Domota et LKP sont-ils condamnés à une stratégie de la mobilisation et de la grève non stop ? Dans aucun pays colonisé, la grève, même permanente, même insurrectionnelle, n’a conduit ni à un changement radical et en profondeur du système de domination, ni à la libération nationale. Un après, Elie Domot a et LKP sont donc condamnés à être plus créat - ifs, à trouver et à proposer «autre chose». Mais quoi ?