La question de l'eau, est une question politique de première importance

C ela fait maintenant plusieurs mois que nos robinets ne coulent qu'au compte-goutte, au mieux, un jour sur deux, ou à quelques moments de la journée. Si cette situation qui ne date pourtant pas d'hier provoque maintenant l'exaspération et la colère légitimes de nombreux compatriotes, c'est parce qu'elle concerne aujourd'hui des dizaines de milliers de foyers guadeloupéens et s'étend à une grande partie de la Guadeloupe et non plus seulement à quelques zones du pays. Confrontés désormais à des difficultés quotidiennes pour leur approvisionnement, de nombreux usagers mesurant aujourd'hui l'importance de la question de l'eau, s'organisent en comités.

C'est cette mobilisation de citoyens qui fait bouger les collectivités et des élus, qui dans leur grande majorité ont fait preuve d'une irresponsabilité politique coupable vis-à-vis du pays.

En effet, la question de l'eau, est une question politique de première importance, en ce sens qu'elle conditionne le développement humain des Guadeloupéens et le développement économique du pays. Depuis l'année 1993, il y a maintenant 21 ans, à l'occasion du conflit de l'eau qui a vu le jour à Capesterre Belle-Eau, le Parti Communiste Guadeloupéen a posé la revendication politique de la création d'un service public de l'eau à l'échelle de la Guadeloupe.

Cette revendication a fait l'objet de propositions présentées par les élus communistes au Conseil Régional de la Guadeloupe le 6 mai 1996, puis adressées par le Secrétaire Général du Parti le 21 février 1997 aux présidents des Conseils Régional et Général de la Guadeloupe, au Préfet de Région, au Président du SIAEAG, au directeur de la SOGEA, au Comité de défense des abonnés, aux médias.

Parmi ces propositions il y a : - La mise en œuvre d'une expertise technique et financière sur les réseaux de distribution, la qualité et le mode de facturation de l'eau en Guadeloupe. - La fixation du prix de l'eau et de tous les services annexes sur une base transparente, vérifiable et accessible à tous les usagers. - La réactualisation du schéma d'utilisation des eaux de la Guadeloupe. - L'arrêt des délégations du service public à des sociétés privées.

Aucune suite n'a été donnée à ce jour à ces propositions, qui ont été maintes fois réitérées, et dix sept ans après, l'eau ne coule plus qu'épisodiquement dans les robinets de nombreuses familles guadeloupéennes déjà confrontées à de multiples dif ficultés. La proposition de création d'un syndicat unique de production d'eau potable formulée par le Conseil Général, l'Etat et les structures gestionnaires de l'eau potable n'est pas la réponse à la problématique et aux enjeux de l'eau en Guadeloupe.

Nous réaffirmons que la production, la protection, la gestion, la distribution de l'eau doivent être réalisées sous la maîtrise de la puissance publique par la création d'une entreprise publique de l'eau en Guadeloupe, pour garantir à tous les usagers une eau de qualité à un prix unique calculé de manière transparente. Mais, il est vrai que cette proposition ne peut être mise en œuvre dans le cadre du droit commun français et européen, elle nous renvoie à la capacité politique d'élaborer des réponses et de porter des solutions correspondant aux réalités de notre pays. C'est aux Guadeloupéens d'en décider.