Nous persistons et signons !

N ous nous souvenons, il y a sans doute plus d'un quart de siècle, d'un échange assez caustique avec un journaliste français qui après avoir travaillé à RCI en Guadeloupe s'est retrouvé sévissant sur le petit écran d'une télévision martiniquaise. Maniant avec finesse l'art de l'ironie et se rendant compte de la passion qu'il y avait autour du tour et dont nous étions partie prenante et, connaissant la force de notre engagement politique, il nous avait «sorti» paraphrasant Marx : «Mais le tour, c'est l'opium du peuple».

Nous avions naturellement riposté en expliquant que même si c'est la fête et que les gens peuvent un instant oublier tous les soucis quotidiens, il n'en demeure pas vrai que le sport et le cyclisme chez nous, plus que tous les autres, est un facteur évident de cohésion sociale et plus encore peut être, vecteur d'affirmation identitaire et levain d'un esprit patriotique.

Aujourd'hui, après ce que nous avons vu et entendu au cours de cette 64e édition du tour cycliste international de la Guadeloupe, nous persistons et signons.

Bien sûr, les dérives dans le fonctionnement du club Guadeloupe qui s'est éloigné du concept de base que nous avions initié et l'absence de sélection nationale guadeloupéenne dans le tour depuis plusieurs années contrarient quelque peu ce mouvement naturel.

Mais précisément, la véritable garantie d'un réel progrès de cette discipline populaire consiste en la rencontre d'une réelle promotion de celle-ci par la formation à tous les niveaux, la restructuration des clubs permettant l'éclosion de solides équipes chez eux et la valorisation chez les cyclistes et le monde du cyclisme en général la claire conscience d'appartenance à une même communauté, une conscience patriotique.

Cela signifie refuser la situation d'assisté du ventre et de l'esprit. Cela signifie ne pas attendre des autres qu'ils fassent à notre place ce qu'il nous appartient de faire nous-mêmes pour nous-mêmes. Cela signifie dans le cas d'espèce la responsabilité de construire nous-mêmes notre cyclisme, comme on doit le faire pour l'économie, la culture etc.

Nous avons vu afficher au mépris parfois de la réglementation la pleine et entière connivence entre les deux Vénézuéliens étendue à leur ami de la République Dominicaine. Nous avons entendu sur les ondes la déclaration d'un bon «Frenchie» avouant avoir apporté son soutien à un autre pourtant pas de la même équipe. Nous ne demandons pas cela.

Nous souhaitons seulement sans dévoiement cette conscience collective partagée, que nos coureurs savent qui ils sont vraiment : des ambassadeurs ici et ailleurs de tout le pays Guadeloupe.

Nous savons que des voix qui s'élèvent pour parler de mondialisation et de citoyenneté du monde prétendent que nous préconisons l'enfermement, l'isolement. Mais notre propre parcours y compris dans le cyclisme montre l'inverse. Notre credo, c'est que l'on n'est jamais fort de la force des autres et qu'il faut par conséquent se donner les moyens d'être forts par nous-mêmes.