«La France hexagonale»

V ous l'avez certainement constaté comme moi, que l'expression «Fran-ce hexagonale» s'impose de plus en plus dans l'espace public guadeloupéen, et notamment, à la radio, à la télévision et dans les écrits de ceux qui font fonction d'intellectuels dans notre pays.

Journalistes et politologues commis sur les ondes radiophoniques sont en première ligne de ce mouvement de conditionnement de la pensée.

Vous aurez certainement r emarqué aussi que l'usage de cette expr ession a pour objectif de remplacer une autre : la «France métropolitaine». Les mots ne sont pas innocents. Ils ont un sens, une fonction.

Nous savons depuis longtemps que le choix des mots n'est qu'un des procédés langagiers qui consolide la domination.

Nous sommes là au cœur du problème de la nature de nos relations avec la France et des dif ficultés des partisans de la colonisation d'assumer ou de justifier leur domination.

En continuant dans leurs expr essions orales et publiques de parler de la «métropole» ou de la «France métropolitaine», ils reconnaissent le fait colonial.

En parlant de la France tout court, à partir d'ici, c'est reconnaître cette réalité que la Guadeloupe n'est pas la France.

Pour contourner cette contradiction, ils font appel à la géographie et se réfugie derrière la forme hexagonale de la France pour communiquer.

Le fait que cette expression ne soit utilisée que les rapports de communication en Guadeloupe montre sans contestation possible, soncaractèr e aliénant et sa fonction de préservation du système de domination.

Elle r ejoint dans le même mouvement de négation de notre identité toutes ces expressions inventées par les experts de la novlangue : Départementd'Outr e-mer , Territoire d'Outre-mer, Départements Français d'Amériques, T erritoir es ultra-marins et le tout à l'avenant.

Mais enfin, quel mal il y a à reconnaître que la Guadeloupe est un pays, que la France est un autr e pays et que ces deux pays peuvent faire des choses ensemble sans qu'ils se fondent l'un dans l'autr e . On voit bien qu'il y a encore beaucoup d'autr es à briser !