Hommage à Pierre Tarer
Guy Daninthe présente ici l’hommage à Pierre Tarer au Funérarium Dorocant, le 14 décembre 2009
Ma peine est grande. Il y a moins d’un mois, la conversation qu’il m’a tenue sur son lit du centre hospitalier ne laissait nullement présager qu’elle serait la derniè- re. C’est dire combien la nouvelle de sa mort m’a littéralementassommé. Avec l‘aimable permission de la famille, son parti lui a rendu l’hommage qui lui est dû. Pour ma part, je retiendrai surtout, au fond de moi-même, les moments d’amitié forts et intimes que nous avons eus en les périodes les plus actives de nos vies personnelles et familiales. Les vicissitudes de nos courtes existences ne les effaceront pas. Le camarade qui m’a marqué le plus au plan de la formation, c’est sans conteste, Pierre T arer . L ’appréciation que j’ai portée sur sa personne depuis notre pre - mière rencontre jusqu’à la cessa - tion de ses activités n’a jamais varié : un militant dévoué, ouvert, franc, humain, un poli - tique sain et désintéressé. J’entends par là un élu exempt de cette perversion qui consiste à se mettre toujours en avant. À cet égard et à mes yeux, PierreT arer n’a jamais été pris en défaut. En toutes circonstances, il s’est distingué par sa simplicité et sa générosité. Nous nous som- mes approchés au mois d’octobre 1949, lors de la première réunion du Secrétariat fédéral qui a suivi la Conférence de notre Fédération communiste. D’emblée nous avons sympathisé. Et l’on peut dire que nous ne nous sommes jamais quittés jusqu’à son départ de la direction. Il est de ceux qui ont contribué à faciliter mon insertion dans la vie pointoise.Infirmier , technicien de labora - toires d’analyses médicales, T arer tenait de sa profession le souci de l’exactitude et de cette méticulosité qu’il mettait dans l’examen de toutes les ques - tions, des plus anodines aux plus compliquées, dans les domaines les plus variés dont s’occupait le parti. Esprit réfléchi, élevant rarement le ton, utilisant tou - jours le mot juste, évitant soi - gneusement celui qui vexe, Pierre dans toutes les discussions se prononçait avec mesure, pon - dération et discernement. Ses points de vue étayés d’explica - tions argumentées, fourmillant d’images frappantes et d’exem - ples éloquents ne passaient jamais dans l’indifférence. Au sein de la direction, il était le plus souvent chargé des questions d’organisation, parfois de propagande ou des affaires syn- dicales. Bien sûr, à l’origine du parti, on ne disposait pas de la formation adéquate. Mais Pierre, par sa passion de la lecture, recherchait, dépouillait, et assimilait tous les textes afférents à ses responsabilités et se mettait à même de nous donner à tous, des leçons en la matière. À mon sens, c’était le meilleur connaisseur des choses de l’organisation. C’est lui qui enseignait que l’organisation, en clair , la mise en état de fonctionnement des structures du parti, n’est jamais réalisée une fois pour toutes. Elle réclame un travail permanent. Autrement la moindre défaillance tardant à être décelée, a le temps d’envahir l’ensemble du maillage organi- sationnel et de prendre des proportions catastrophiques. C’est pourquoi, à pied, en vélo, en transports en commun, il sillonnait le pays. Le soir après le travail, l’après-midi du samedi, le dimanche, payant d’exemple, Pierre Tarer allait visiter les camarades de la base, s‘informer de leurs difficultés politiques, personnelles ou familiales, recueillir leurs opinions sur l’actualité, s’enquérir de la situation économique et sociale, des revendications et des luttes loca- les. Enfin, bien entendu, il prenait à cette occasion le pouls des organisations de base. Ayant d’abord écouté les camarades donner leurs avis sur toutes les questions, Pierre alors intervenait. Il expliquait et justifiait, au besoin, la position du parti sur les différents points évoqués. Sous l’impulsion de Pierre, grâce à son travail patient et obstiné, le Parti Communiste Guadeloupéen, en dépit de ses erreurs et de ses faiblesses, a été, de plus en plus, une organisation qui a rayonné sur la majeure partie du territoire guadeloupéen, et qui a développé avec une efficacité certaine, un programme poli- tique cohérent. Ce qui lui a per- mis de recueillir pendant longtemps l’approbation d’une large majorité de citoyens. Pareille évolution n’était pas acquise une fois pour toutes, elle était appelée à s’interrompre et, même à s’inverser dès lors que seraient relâchés les efforts per- manents consacrés à l’organisation… À mes yeux, le camarade Tarer est l’auteur, pour une large part, de la belle page écrite dans l’histoire de notre pays par le Parti Communiste. Pierre T arer a été, l’un de mes rares amis. J’aurais donc pu avoir une tendance involontaire àl’encenser . Et cela eût été excusa - ble. Mais, tel n’est pas le cas. Je m’en suis tenu à la stricte objec - tivité pour relater le travail que je l’ai vu accomplir . La sagesse, l’urbanité, la sensibi - lité dont il faisait preuve à l’inté - rieur de son Parti n’étaient que le reflet d‘une vie familiale har - monieuse où il cultivait tendres - se, af fection et soins attentifs à l’éducation de ses enfants. Je reverrai toujours cette flamme qui illuminait son regard quand il me parlait encore dernière- ment de ses petits et arrières petits-enfants qu’il adorait, me les nommant tous, l’un après l’autre. Aussi je comprends toute l’étendue de la douleur qu’éprouve en ce moment sa famille.Le meilleur hommage à lui rend - re consistera, ce me semble, à entretenir son souvenir dans le respect des convictions auxquel - les il était indéfectiblement atta - ché e t, pour le moins, à entou - rer sa famille de la plus chau - de sympathie. À son épouse George, à ses enfants Patrick, Georges, Claudine, Micheline, Myrielle et Thérèse, à tous ses petitsenfants, à ses sœurs Rosita et Ginette permettez-moi, au nom aussi de mon épouse et de mes deux fils, de présenter des condoléances émues avec l’ex - pression de nos sentiments de solidarité.
Adieu ! Pierre, mon camarade, mon ami, mon frère.V a ! je conserverai intact ton fer- vent souvenir . Adieu !