Lettre ouverte à Axel Urgin, Secrétaire National du Parti Socialiste Français

Pointe à Pitre, Le 28 décembre 2009

Monsieur le Secrétaire National, Vous affirmez être Guadelou- péen parceque, né sur le sol de Guadeloupe, d’une mère française et d’un père Guadeloupéen. Nous vous conseillons la lecture de l’article que nous avons écrit dans le journal les «Nouvelles Étincelles», traitant des rapports de la Ministre Marie-Luce Penchard à la Guadeloupe où nous avons eu l’occasion de préciser que, les liens du sol et du sang n’étaient pas pour nous, des conditionssuf fisantes pour faire partir du peuple et de la nation guadeloupéenne.

Notre analyse des déclarations, actions et positions de person - nalités politiques ne s’embarras - sent pas de ces considérations subjectives, mais, repose sur ce qu’ils disent et font, s’agissant des problèmes du pays.

En clair, tout comme Marie-Luce Penchard, Ministre de «l’Outremer français» et Secrétaire nationale de l’UMP, vos relations intimes avec la Guadeloupe ne font pas de vous automatique - ment un Guadeloupéen au sens patriotique, un défenseur averti et résolu des intérêts de la Guadeloupe réelle. Ce qui retient notre attention, c’est le camp politique dans lequel vous évoluez, les idées que vous portez et défendez. C’est à partir de ces critères que nous prenons la liberté de vous interpeller.

Vous avez fait, le jeudi 17 décembre, une déclaration fort intéressante sur les ondes de RFO qui mérite que l’on s’y attarde et surtout, qu’on lui donne une suite. Vous avez eu le mérite d’exposer clairement, l’essence des deux principaux sujets qui divisent les socialistes guadeloupéens : l’é - volution institutionnelle ou sta- tutaire et le rapport au mouvement social. Ces sujets opposent plus largement les socialistes de la Fédération aux autres organisations de la gauche socialiste et particulièrement au mouvement anticolonialiste en Guadeloupe. Mais là, n’est pas l’essentiel de vos propos. Le débat sur le chan - gement de statut, avez-vous dit, ne se pose pas en termes de choix de l’article 73 ou 74 de la Constitution française et vous avez ajouté : le problème c’est le contenu de la loi-programme. C’est sur le contenu de cette loiprogramme que les électeurs doivent se prononcer .

Woulo bwavo Axel Urgin !

Les communistes guadelou - péens se réjouissent de cette prise de position, qui rejoint la stratégie qu’il développe depuis 2004, après avoir tiré les ensei- gnements de la consultation truquée du 7 décembre 2003.

Ils vous prennent au mot et vous invitent au débat pour clarifier cette position et surtout pour travailler à une alternative poli- tique crédible au piège constitu- tionnel dans lequel nous enfer - me le pouvoir français. Parce que, contrairement aux manœuvres déloyales et opportunistes de vos amis de la Fédération socialiste en 2003, le «chat en poche» n’é - tait pas le fait des forces politiques qui appelaient à voter pour l’article 73 .

Ce qu’il fallait viser et dénoncer en 2003 et qui présentent tou- jours les mêmes dangers aujourd’hui, c’est : - La loi d’orientation instituant le Congrès des élus que vous avez fait voter en décembre 2000 et qui donne pouvoir et compéten - ces au gouvernement et au Parlement français pour décider du contenu du statut à travers une loi-programme : - La Constitution rénovée du 28 mars 2003 qui gomme l’existen- ce du peuple guadeloupéen et encadre l’évolution de ce qu’elle qualifie de population de la Guadeloupe, dans ses articles 73 et 74 au mépris du droit à l’au- todétermination des peuples. Pour donner sens et crédibilité à votre déclaration, nous vous proposons d’aller au bout de votre logique et de poursuivre avec nous le combat pour : - L’abrogation de l’article 72.3 de la Constitution, faisant du peu- ple guadeloupéen, une population dans le peuple français. - L’abrogation de l’article de la loi du 13 décembre 2000 instituant le Congrès des élus dépar - tementaux et régionaux qui prive le peuple guadeloupéen de son droit inaliénable à déci - der lui-même de son avenir. L ’exercice du droit à l’autodéter- mination du peuple guadelou - péen, conformément à la réso- lution de l’ONU et à l’esprit de la Constitution française.

L’élection à la proportionnelle intégrale d’une assemblée constituante chargée d’élaborer un projet de statut politique pour la Guadeloupe.

Nous restons ouverts à vos pro- positions et critiques sur ces points et disponibles pour approfondir ce débat avec comme seule exigence : faire avancer concrètement cette question du changement de statut politique de la Guadeloupe qui, contrairement à ce que pré - tend le Président socialiste de la Région Guadeloupe, est une question urgente et vitale pour maîtriser le développement de la Guadeloupe.

Il ne pourra vous échapper que, notre démarche vous donne l’opportunité de faire, en cons - cience, le choix d’affirmer votre appartenance au peuple et à la nation guadeloupéenne.

Christian Céleste, Secrétaire du Comité Central du PCG