L’impossible reconversion de Macron

L’ oracle a parlé. Cela a duré longtemps, trop long- temps pour n’accoucher de rien de bien original.

Encore une fois, dans l’exercice où il excelle, celle de la rhétorique, Emmanuel Macron a fait dans le recy- clage, au risque de soûler son auditoire. Aucun message fort, aucun projet de société nova- teur capable de mobiliser le peuple de France pour un nouvel élan de progrès et d’émancipation ne sont sortis de ces quatre heures de paroles. Certes, ici ou là, au détour d’une inspiration maitrisée on trouve quelques propositions qui voudraient être des réponses au formidable mouvement social des gilets jaunes. Mais, il n’en est rien ! A regarder de près, tout le discours de Macron s’ins- crit dans un cadre qu’il affirme comme immuable : Une gouvernance au service du capital, de l’entre- prise, des riches et des puissants. Sa déclaration péremptoire : «Les choix que nous avons faits (le Président et son gouvernement) sont bons. Les résultats sont là», exprime un véritable déni du puissant appel au changement de la politique dévastatrice mise en oeuvre depuis deux ans par l’Etat macroniste. Le Président, contrairement à ce qu’il dit, n’a rien entendu, rien compris du message de rupture porté par le mouvement social qui touche la France dans ses profondeurs. La corde au cou de Macron se trouve dans cette réaffirmation : Nous ne changeons pas de cap, on ne touche pas à l’impôt sur les fortunes (ISF). C’est la volonté des «Maîtres». La ligne de fracture, elle est là. Son discours ne peut que raviver la confrontation des classes sociales en France. En répondant à 63% qu’ils ne faisaient pas confiance à Macron après son discours de sortie de crise, les Français ont signifié clairement que la lutte n’allait pas s’arrêter. La tentative de Macron de retourner le mouvement avec son grand débat a échoué. Les mauvais jours sont certainement devant lui.