EMBARGO AMÉRICAIN SUR LE PÉTROLE VÉNÉZUÉLIEN Les États-Unis et leurs alliés tentent de renverser Maduro

Le dimanche 28 avril, les USA ont mis leur menace à exécution en appliquant un embargo sur le pétrole vénézuélien. Cette mesure fragilise un peu plus la situation économique du Venezuela qui est déjà dans la tourmente. Il s’agit de détruire une écono- mie pour renverser un régime.

C et embargo n’a cependant pas fait monter les cours du pétrole car le Venezuela n’est pas sans plan de rechange pour écouler sa pro- duction. En effet la Chine et l’Inde, déjà gros clients du pétrole vénézuélien, vont sont doute accroitre leurs achats. En revanche ce pétrole très lourd et dif- ficile à raffiner, a besoin d’un produit, le naphta, fourni par les États-Unis pour circuler dans les pipelines. Le Venezuela devra donc se le procurer ailleurs et en définitive si son pétrole continuera d’être exporté les coûts vont augmen- ter, c’est bien le but : contribuer à aggra- ver la crise. Toutefois, cette mesure ne concerne pas que le Venezuela. Les USA eux-mêmes vont devoir se procurer le demi-million de barils par jour que lui vendait… le Venezuela. Ils vont donc se tourner vers le Moyen-Orient. Or, on sait que dans le même temps les USA décidément toujours persuadés qu’ils sont les donneurs d’ordre de l’écono- mie mondiale, ont décidés de sanc- tionner tout acheteur de pétrole ira- nien avec l’entrée en vigueur, le 2 mai, de la fin de l’exemption qui permettait à la Chine, l’Inde, le Japon, la Corée du Sud, Taïwan, l’Italie et la Grèce de continuer à commercer avec l’Iran dans ce domaine. C’est dire si l’em- bargo sur le pétrole vénézuélien n’est qu’une pièce dans une vaste partie d’échec mondiale. Il serait d’autre part tout à fait faux de penser que l’administration Trump est la seule responsable de la situation actuelle. Car le sabotage de l’économie vénézuélienne et la véritable punition infligée au peuple du Venezuela coupa- ble de sortir de l’orbite américaine a commencé il y a bien longtemps sous l’administration Obama, qui malgré une attitude de détente avec Cuba a contribué au début des sanctions contre le Venezuela. Un bref rappel illustrera cette constance américaine : - Avril 2013 : Madudo est élu Président de la République Bolivarienne du Venezuela. - Février-mai 2014 : Tentative de coup d’Etat de la droite vénézuélienne pour renverser le régime. - Décembre 2014 : Obama signe deux ordres exécutifs pour déclarer le Venezuela «menace inhabituelle et extraordinaire pour la sécurité nationale et la politique extérieure des USA». - Avril 2016 : Début du blocus financier qui au fil des mois concernera plusieurs banques américaines (Citibank) ou européennes (Commerzbank d’Alle- magne ou Novo Banco du Portugal). Les Américains font également pres- sions sur des banques chinoises pour gêner ou entraver les transactions entre la Chine et le Venezuela. Par la suite, avec l’arrivée de Trump, la situation prendra un tout encore plus offensif en bloquant les dividendes réa- lisés aux USA par des entreprises véné- zuéliennes comme la compagnie Citgo appartenant à l’état vénézuélien et implantée sur le sol américain (3 raffi- neries, 6 000 stations services). La vio- lence de l’attaque contre le peuple vénézuélien apparaîtra dans toute sa mesure lorsqu’en octobre et novembre 2017 des banques comme UBS, des gouvernements comme celui de la Colombie, ou des laboratoires comme Pfizer refuseront sous des prétextes variés d’approvisionner le Venezuela en vaccins ou de médicaments. L’embargo sur le pétrole n’est donc que la conclusion d’une longue suite de mesures destinées à casser un pays, un peuple. Il s’agit manifestement de faire un exemple. La République boliva- rienne a eu l’audace de contester l’ordre libéral dominant il faut le lui faire payer. Mais les Vénézuéliens ne se laisseront pas dicter de l’extérieur la manière dont ils entendent bâtir leur avenir. Plus que jamais notre solidarité va au peuple du Venezuela qui fait face à une agression caractérisée. Par Bernard Camier