Capesterre «La Vaillante»

1945, c’est l’affirmation de la conscience de classes des ouvriers des champs et des usines, et la compréhension que leurs exploiteurs n’étaient pas seulement les géreurs et les économes, mais, les sans visages, les maîtres de l’usine Marquisat et des terres à canne.

Il ne faudrait surtout pas considérer cette dénomi- nation comme un slogan politique ou comme une simple formule de communication. L’appellation «La vaillante» exprime bien l’identité de la com- mune de Capesterre dans son évolution historique et la culture de la population capesterrienne dans sa façon d’appréhender les rapports sociaux et la solidarité dans son espace territoriale et à l’échelle de la Guadeloupe. En réalité, le qualificatif «La vail- lante» ne sort pas de rien, il n’a pas été inventé pour les besoins de la propagande. Il s’inscrit dans l’histoire de la pre- mière révolte des esclaves en 1656 sous la direction de l’es- clave Jean Le Blanc, suivi par la grande grève de 1910 et dans le contexte de l’après-guerre de la grève de 1945, qui est le tour- nant qualitatif des luttes sociales, qui jusque-là, avaient cours en Guadeloupe. 1945, c’est l’affirmation de la conscience de classes des ouvriers des champs et des usines, et la compréhension que leurs exploiteurs n’étaient pas seulement les géreurs et les éco- nomes, mais, les sans visages, les maîtres de l’usine Marquisat et des terres à canne. Dès lors, ils avaient compris que pour arrêter l’exploitation sur les chaines de l’usine et les atrocités dans les champs, il fallait atta- quer la pwofitasyon à la tête. Le 30 janvier 1945 a été le tour- nant de la lutte et la libération des forces des travailleurs unis.

Pour la première fois, dans l’his- toire des luttes sociales en Guadeloupe, un patron, le Secrétaire général des fabricants de sucre, venu à Capesterre Belle-Eau pour imposer aux tra- vailleurs en grève, la reprise du travail, a été pris en otage par les ouvriers grévistes. Le gouverneur de la Guadeloupe, venu à la rescousse pour libérer le directeur, est lui aussi séquestré à la mairie de Capesterre. C’est l’intervention de Paul Lacavé accompagné de Rosan Girard, qui a permis de négocier un protocole de fin de conflit avec des avantages considéra- bles qui furent étendus à toute la Guadeloupe et à la Martinique. Ce jour-là, Capesterre «la Vaillante», était portée sur les fonts baptismaux. Dans la foulée, les forces de la classe ouvrières, renforcées, déterminées remportèrent une deuxième victoire en portant Paul Lacavé au fauteuil de maire le 3 juin 1945. En 1950, exaspéré par ce qu’il considérait comme une me- nace communiste, le préfet de l’époque décida à l’occa- sion d’une nouvelle grève des ouvriers, d’en finir avec la résistance des Capesterriens. Une fois de plus, la mobilisation des Capesterriens et le courage de leur maire, Paul Lavavé, qui se porta au-devant des CRS en leur sommant : «Tirez sur moi, ne tirez pas sur le peuple», mirent en déroute les sanguinaires. Ce jour-là Capesterre «la vaillante» prit son envol.