Tourisme durable : Un concept d’avenir en Guadeloupe

Le mardi 21 mai 2019 au Mémorial ACTe à Pointe-à- Pitre, le Conseil économique social et environnemental régional (CESER), a réuni l’ensemble des acteurs qui ont porté leurs contributions à la réflexion sur le thème du tourisme durable. Pour nous en parler, nous avons Christophe Wachter, président du CESER.

Quel est l’état actuel du tourisme
durable ?
Christophe Wachter : C’est un concept qui n’a pas encore été mis en place dans les poli- tiques publiques, donc, il est à l’état embryonnaire.

Lorsque l’on a regroupé les profes- sionnels, on s’est rendu compte qu’il y avait des individualités qui étaient carrément orientées vers ce tourisme durable. Ce sont des précurseurs du tourisme de demain. Par contre, ce ne sont pas eux qui sont forcément aidés par les pouvoirs publics. L’orientation générale actuelle n’est pas celle du tourisme durable. Au CESER, nous arrivons à un moment où on a envie que tout cela prenne un sens et que toutes les personnes concernées puissent être réunies. Il faut qu’elles puissent parler et encou- rager les décideurs politiques à nous accompagner vers cette démarche de tourisme durable.
Pensez-vous à terme les fédérer ?
On ne veut pas les fédérer, on veut aussi les convaincre parce que lorsqu’on dit qu’on fédère, on a un peu l’impression qu’on constitue un groupe de pression

. On veut mieux structurer les choses. On s’est auto- proclamé instance pertinente pour regrouper les personnes pour aller dans ce sens.
A qui s’adresse le résultat
des travaux ?
On veut toucher tout le monde. Le grand public parce qu’on s’est rendu compte que le grand public est le pre- mier acteur du tourisme. On veut toucher les personnes qui investis- sent dans le tourisme, quelque soit leur métier (restaurateurs, héber- geurs, excursionnistes…). On veut que ces personnes se rendent compte qu’elles peuvent avoir la durabilité dans leurs pratiques. En fait, aller vers le tourisme durable, c’est valoriser tous les instruments et tous les ingrédients du tourisme, (le patrimoine matériel ou immatériel, les moyens de locomotion de trans- port, l’hébergement…).
Un appel est lancé aux
Guadeloupéens pour qu’ils prennent en main leur pays compte tenu que 80% des structures touristiques ne leur appartiennent pas. Y’a-t-il encore de la place tout le monde ?
Effectivement, il y a un débat depuis plusieurs années qui consiste à sensi- biliser le Guadeloupéen aux retombés économiques du tourisme. En tant que citoyen, je trouve que lorsque l’on essai de sensibiliser le Guadeloupéen, on l’accuse de ne pas être conscient des retombées. Il y a une petite nuance à intégrer dans la réflexion. Le Guadeloupéen, tradi- tionnellement n’a pas été un acteur du tourisme. Il n’a pas tiré profit de l’exploitation de son territoire en tant que destination touristique. Donc, ce n’est pas qu’il ne soit pas conscient, c’est qu’il n’en tire pas profit tradition- nellement. Nous, ce qu’on veut faire, c’est de dire à tous ces jeunes, à toutes ces personnes qui ont des ter- rains qu’on peut valoriser leurs biens.

Cela devient des espaces qui peuvent être des entités économiques avec des personnes qui trouvent un revenu pour élever et nourrir leur famille. C’est cela le tourisme durable. C’est faire en sorte que ce ne soit pas un tourisme basé sur la spéculation mais un tourisme basé sur l’intégration des populations pour aller capter le profit.
Nous aurons dans les jours à venir le
résultat de l’initiative ?
Exactement, il y aura un calendrier qui sera rendu public. Il y aura une nouvelle phase appelée «conclusion des travaux des groupes straté- giques». Dans cette phase de conclusion, on a prévu non pas de rester entre nous Guadeloupéens mais de se confronter aux autres. On s’est rendu compte que dans la Caraïbe, le tourisme durable est déjà complètement d’actualité. On sait qu’à Trinidad, en Jamaïque, à La Dominique, il y a des personnes qui ont déjà pris cette orientation. Nous voulons les rencontrer pour qu’ils nous décrivent leurs exemples et nous, échangerons avec eux. C’est toujours ce même esprit de réseau. On veut le constituer d’abord en Guadeloupe entre Guadeloupéens ensuite on veut voir si on peut le constituer dans la Caraïbe. Nous verrons si les autorités nationales françaises vont approuver la démarche que la Guadeloupe est en train d’initier. Ce que l’on veut faire, ce n’est pas une démarche de conquête, mais une démarche de regroupement pour aller dans un sens qui nous semble bon.