Présentation du 9 ème rapport national 2018 sur les centres et locaux de rétention

La CIMADE est une association de solidarité active avec les émi- grants et les réfugiés. Elle a pré- senté le mardi 04 juin en son local situé à Pointe-à-Pitre, le 9 ème rapport annuel commun aux six associations sur le plan natio- nal qui interviennent dans les centres et locaux de rétention pour accompagner les étrangers retenus dans l’exercice de leurs droits. Cette présentation a été assurée par Mme Julia Labrosse et M. Mathias Haurat, tous deux accompagnateurs juri- diques en rétention.

En Guadeloupe depuis 2011, le groupe reçoit des personnes ayant besoin d’être conseillées sur le plan juridique et administratif. L’association mène aussi diffé- rentes actions de sensibilisation. Les centres et locaux de réten- tion, sont des lieux ne relevant aucunement de l’administration pénitentiaire, où dans la pratique, on enferme des personnes en situation irrégulière dans le but de les expulser. Le rôle des accompagnateurs juri- diques de la CIMADE au centre de rétention, tout d’abord est de veiller à ce que le droit des per- sonnes retenues, soit respecté et de les aider dans leurs démarches juridiques. C’est également un rôle de témoin envers la société afin d’essayer de désenclaver les centres de rétention. La CIMADE veut faire connaître à l’opinion publique, qu’en France et en Guadeloupe en particulier, des personnes sont enfermées alors qu’elles n’ont commis ni crime, ni délit et que cet enfermement se fait sans le contrôle d’un juge mais par simple décision administrative. Ce 9ème rapport souligne un durcissement de la politique d’éloignement avec comme principal outil l’enfermement massif des personnes. D’autre part, cette année, la durée maximum de rétention a triplé pour atteindre 90 jours. Sur le plan global, la CIMADE dénonce une politique migratoire vide de sens en Outre-Mer et parti- culièrement en Guadeloupe qui devrait questionner la finalité de la rétention administrative. En 2018, 345 personnes ont été enfermées dans le centre de rétention des Abymes, contre 263 en 2017. On observe une cer- taine augmentation qui peut s’ex- pliquer par la fermeture en 2017 du centre de rétention adminis- trative (CRA) pendant la période des ouragans de septembre. Parmi les 345 personnes enfer- mées, 52% ont été expulsées. En France hexagonale, la moyenne tourne autour des 40% des per- sonnes enfermées qui sont expul- sées. Les chiffres présentés corres- pondent aux personnes reçues par la CIMADE, mais ne couvrent pas toutes les personnes expulsées car, il y a une bonne partie qui ne sont pas passés ni par les locaux de rétention ni par le centre de rétention. On note que le centre de rétention des Abymes est dépourvu de médecin et que, seule une infir- mière y est attachée. Autre pro- blème que rencontrent les per- sonnes en rétention : des difficultés à avoir accès à un juge ainsi que la réguralisation de leurs papiers avec le nouveau dispositif de prise de rendez-vous par internet. On note, une expulsion beaucoup plus rapide en Guadeloupe qu’en France, res- pectivement 5 et 15 jours. Quand les individus ont atteint les 48 heures dans les locaux de rétention, ils sont ensuite transfé- rés au centre de rétention admi- nistrative des Abymes. Une fois de plus, la CIMADE tire la sonnette d’alarme sur la réalité que vivent nos voisins de la Caraïbe dans ces centres de rétention, alors que la Guadeloupe cherche à faire sa place et se réconcilier avec son envi- ronnement immédiat, la Caraïbe.