Guerre commerciale USA-Chine un terrorisme économique

Depuis l’arrivée de Trump les USA ont renoué avec le protec- tionnisme et l’isolationnisme. Une analyse politique de ce conflit international majeur, qu’est la guerre commerciale entre les USA et la Chine, impose de remettre en perspec- tive toute l’attitude agressive actuelle des USA.

Les USA ont déjà par le passé eu des poli- tiques commer- ciales protectionnistes, comme dans la première moitié du XXème siècle ou à l’époque de Nixon ou de Reagan. Ce dernier président, un des pères du libé- ralisme actuel, a décidé dans les années 80 une véritable guerre commerciale contre le Japon en taxant durement les motos ou l’électronique. L’économie japo- naise ne s’en est pas complète- ment remise aujourd’hui. Dès son arrivée Trump a renoué avec cette attitude ancienne, en se retirant du traité pacifique (TPP) mis en place par l’admi- nistration Obama. Attitude lar- gement contradictoire avec les buts actuels de la guerre com- merciale avec la Chine, car ce traité qui avait demandé des années de négociations était en fait conçu pour créer un contre- poids à l’influence chinoise dans la région Pacifique ! Mais Trump n’est pas à une incohérence près. Il a continué au début de l’année 2018 en taxant lourdement les panneaux solaires et les machines à laver chi- noises. La réplique de Pékin n’a pas tardée et le sorgho américain a été à son tour visé dans ce bras de fer. Dans la foulée, Trump a décrété une hausse de droits de douane sur l’acier et l’aluminium, en exemptant temporairement un certain nom- bre de pays, sauf la Chine et le Japon. Dernière trouvaille de l’admi- nistration Trump, les sanctions contre Huawei le géant chinois des télécom prêteraient à sourire si le sujet n’était pas si grave. Indiquant dans un premier temps que Huawei est un danger pour la sécurité des USA, Trump finit par dire que le sort de Huawei pourrait être inclus dans un accord avec la Chine ! Il faudrait savoir. Cette société est-elle dange- reuse ou non ? Et puis quel crédit donner à un Etat qui accuse les autres d’espionnage tout en le pratiquant lui-même à très grande échelle avec le NSA (bien connu grâce à Edward Snowden) ou qui laisse fructifier sur son sol des sociétés comme Facebook ou Yahoo qui transmettent les don- nées de leurs abonnés pour des utilisations politiques ? On pourrait multiplier les exemples de sanctions qui traduisent une atti- tude de repli sur soi et dont les motivations principales semblent être principalement de politique intérieure. Il s’agit pour Trump et la frange la plus réactionnaire des républicains de donner des gages à l’électorat populaire victime directe de la désindustrialisation de larges pans de l’économie américaine. En agissant ainsi, ils laissent croire à une reprise de l’économie aux USA, balayant d’un revers de main les conséquences à très court terme d’une aggravation du conflit com- mercial avec la Chine. Comme le souligne le gouvernement chinois à travers un livre blanc sur le conflit (rendu public le 20 juin) cette guerre commerciale dont les Chinois ne veulent pas ne sont d’aucun avantage pour les Américains. Un institut financier américain a calculé à titre d’exem- ple que l’interdiction de vendre des portables américains en Chine entrainerait une baisse de 25% des bénéfices d’Apple. L’attitude américaine est dénon- cée par les Chinois comme une manoeuvre de terrorisme écono- mique. Ces tentatives de s’impo- ser par la force comme dans le domaine des téléphones porta- bles (alors que la société Huawei est en pointe dans le domaine de la 5G) indique que le leadership américain est déclinant, et c’est le signe inquiétant d’une attitude visant à exporter une très profonde crise des USA, crise qui se déroule à la fois sur le plan intérieur et sur le plan extérieur. La multiplication des fronts de tension de la politique étrangère américaine du Venezuela, à Cuba, à l’Iran en passant par la Palestine et même l’Europe est le signe de sa perte d’influence. Sur le plan intérieur, l’explosion du déficit, liée aux cadeaux fiscaux, fait aux plus riches, et la montée toujours plus haut des inégalités de revenus, a contribué à fracturer la société américaine à un niveau toujours plus inquiétant. S’en prendre à la Chine avec la violence qui caracté- rise les prises de positions actuelles est, comme dans le cas de la stratégie agressive vis-à-vis de l’Iran, une forme grave d’irres- ponsabilité. Mais c’est aussi tout aussi dramatiquement la certi- tude de l’aggravation des condi- tions de vie des américains les plus modestes. Pour toutes ces raisons cette guerre commerciale doit être dénoncée avec force.