La menace yankee ou l’empire du milieu contre-attaque

Alors que les élections euro- péennes ont pris fin avec une montée des extrêmes par la victoire du Rassemblement national avec 23,3% des suf- frages exprimés contre 22,4% pour la République en marche (tendance quasi-identique dans l’ensemble des pays de l’Union européenne). La stupéfaction fait place dans l’ensemble de la classe politique et des médias qui pourtant mieux que n’im- porte quelle personne devaient s’attendre à une montée fulgurante des partis dits d’extrême droit au vu de l’austérité constante demandée par l’Union européenne.

Ces résultats, ont pous- sé d’ailleurs Laurent Wauquiez a quitté son poste de président des Républicains avec cette phrase qui, sur le plan humain, pourrait nous parler à tous : «Les victoires sont col- lectives, les défaites sont solitaires». Cependant l’analyse politique nous montre que c’est plus un vote contestataire face aux décisions imposées par Bruxelles qu’un choix d’adhésion. En effet si l’on prend le temps d’interpréter les chiffres, c’est un taux d’abstention de 49,88% soit à peine un électeur sur deux qui s’est rendu aux urnes. Quoiqu’il en soit, ces résultats sont alarmants, mais ce ne sont pas eux qui devraient retenir notre attention. Nous devrions plu- tôt être attentif à ce qui s’annonce comme étant le retour d’une nou- velle guerre froide. Le 19 mai 2019, le Président Donald Trump a publié un décret interdisant aux réseaux américains de télécoms de se fournir en équi- pements auprès de sociétés étran- gères jugées à risque. Une mesure ciblant d"abord la Chine et son géant des télécoms, Huawei. Le Président Américain Donald Trump assure répondre avec ce décret, «aux actes malveillants favorisés par internet, dont l’espion- nage économique et industriel contre les Etats-Unis et sa popula- tion». Résultat, Huawei se retrouve sur liste des entreprises avec les- quelles il est interdit de commercer. Un coup dur pour le géant de la télé- phonie, 2e leader mondial derrière Samsung mais devant Apple la marque à la «pomme croquée». Pour ceux qui ne le ne savent pas (beaucoup sans nul doute), Huawei est une entreprise chinoise et l"un des principaux fournisseurs mon- diaux d"infrastructure -pour les technologies de l"information et de la communication (TIC)- et de dis- positifs intelligents. L’entreprise est présente dans quatre domaines clés (réseaux de télécommunications, informatique, périphériques intelli- gents et services Cloud). Créée en 1987 par Ren Zhengfei, ancien ingénieur de l’armée populaire de libération qui a intégré le Parti com- muniste chinois (PCC) dans les années 1980. L’aventure Huawei débute avec un capital de départ de 2 500 dollars, en 2016 c’est une entreprise qui avait un chiffre d’af- faires de 75.1 milliards de dollars. Le développement de l’entreprise est symétrique à la croissance éco- nomique de la République Populaire de Chine, c’est-à-dire en forte pro- gression. Cependant, il serait réduc- teur d’assimiler le développement exponentiel de cette entreprise au simple fait que son territoire d’im- plantation a connu une expansion économique durable. Il s’agit avant toute chose de l’approche en termes de valeurs éthiques et morales de l’entreprenariat fidèle aux principes portée par son diri- geant mais, et surtout par les tra- vailleurs tout corps confondus dont se compose Huawei. Fort de ses 140 000 employés dont 20% à l’étranger, le capital de Huawei est détenu par ses salariés, se basant sur un système de stock option. La firme n’est pas cotée en bourse, son fonctionnement s’apparente à celle d’une coopérative. Ce qui fait une différence indéniable car à la diffé- rence des grandes entreprises amé- ricaines ou européennes qui pour la plupart sont côtées en bourse et donc reçoivent la pression des mar- chés et des fonds de spéculations en tout genre. L’entreprise, Huawei, peut se concentrer sur des projets de développement en investissant dans le facteur principal de création de richesses, au sens de Karl Marx mais également d’Adam Smith : l’humain. Car oui l’humain, mais surtout l’amélioration des condi- tions de vie de l’humain demeure au coeur de la politique de développe- ment de cette entreprise. L’un des premiers acteurs à développer le numérique dans certains pays d’Afrique. Acteur principal mondial à mettre bientôt en place la 5G. Pour les novices, à l’instar de votre serviteur, la 5G est la 5ème généra- tion de technologie réseau mobile conçue pour répondre à la très grande croissance des données et à la connectivité de la société moderne. La 5G absorbera la crois- sance exponentielle du trafic mobile, et rendra possible un grand nombre de cas d’usages par l’amé- lioration des débits en mobilité et la meilleure qualité de la connexion. Elle permettra également de faire face aux besoins de l’Internet des objets qui connectera des milliards d’appareils entre eux et sera le sup- port des innovations de demain. Et c’est bien là que se situe le pro- blème qui a motivé (officieuse- ment) la décision des élites améri- caine. Les supposées espionnages, vol de données et cyber-attaque sur la population américaine et ses entreprises ne sont que des leurres dans lesquels il ne faudrait surtout pas se laisser prendre. Car, il ne serait pas de trop de rappeler que l es entreprises américaines ne sont pas à plaindre sur le «vol» et la «vente» de données privés. Le s candale des données utilisées par l’un des plus grands réseaux sociaux en 2018 ou encore l’alerte lancée par Edward Snowden pour espion- nage de masse par le gouverne- m ent américain ne font pas des Etats-Unis un exemple en la matière. Le problème est donc bien géo politico-commercial. Laisser Huawei envahir le monde avec ses téléphones, sa technologie et bientôt la 5G, scène improbable pour le Président Donald Trump et l’ensemble de l’establishment. Donc les Etats-Unis ont imposé comme ils l’ont toujours fait avec des motifs fallacieux une sanction, un embargo contre Huawei, entre- prise chinoise numéro 2 du marché devant leur leader emblématique Apple. Ce décret, ce n’est ni plus ni moins, qu’une asphyxie lente et agonisante pour Huawei, et dans une plus grande mesure de la Chine. Cependant, scénario envisagé (ou pas), la Chine a répondu à la pro- vocation du gouvernement améri- cain en créant également sa liste d’entreprises et de produits inter- dits américains avec lesquels il ne faut pas que les entreprises chi- noises commercent. Un risque d’escalade de mesures restrictives de l’un envers l’autre pouvant avoir des répercussions nocives sur l’en- semble de l’économie mondiale préoccupe les analystes et prévi- sionnistes des arrières cours des palais présidentiels. Et voilà, ça chauffe à nouveau entre deux super puissances écono- miques, entre deux idéologies, entre deux conceptions fondamen- talement opposées, entre l’Est et l’Ouest. A ne pas s’y méprendre, la Chine est costaud et à du répon- dant, cependant elle n’a pas l’avidité et le peu de scrupules des Etats- Unis et elle ne devrait surtout pas sous-estimer son adversaire. Dans le passé, les Etats-Unis ont su élimi- ner leurs adversaires dans ces guerres à «l’armement». La Chine devrait s’inspirer de l’histoire de l’Union soviétique si elle ne veut pas être mis genoux à terre, tout comme ils ont mis le Venezuela, pourtant principal pays en res- sources pétrolières. La Chine devrait en effet s’inspirer des his- toires passées afin de construire l’avenir avec sérénité et humanité en créant un nouveau pôle monde et une nouvelle zone d’intégration économique avec des alliés fiables, sincères et fidèles.