ALTERNANCE OU ALTERNATIVE ?

D ans la période qui s'ouvre, la question n'est pas sans intérêt. On voit bien que les choses commencent à gre- nouiller dans le “marigot” politique. Cela tire dans tous les sens, on se canarde dans le même camp, se neutralise par présiden - tiable interposé.

Bref, six mois avant les élections légis- latives, les marmites commencent à «chauffer» dans les nouvelles circonscriptions «redécoupées» pour forger des majorités arithmétiques. Mais les urnes, souvent, font mentir les oracles. Tout se passe comme si, il n'y avait pas avant les élections législatives, ces présidentielles de mai !

Ou alors, pour tous ceux qui ont lar - gué les amarres en mettant le cap sur la députation, la course à l'Elysée ne serait qu'une formalité. Les électeurs sont déjà projetés au deuxième tour des élections présidentielles.

Car, à force de manipulation sociologique, de démagogie poli- tique, d'influence médiatique, les tenants du libéralisme modèle des Etats-Unis et de Grande-Bretagne ont vidé ce qui restait du pluralisme politique à la française.

Ils ont fini par imposer de fait, le bi-partisme. Avec leurs primaires, les socialistes ont apporté la dernière pierre à l'édifice.

En fait, les élections présidentielles ne présentent à vrai dire aucun enjeu politique majeur dans le cadre déjà délimité par les faiseurs d'opinion et par le choix des deux protagonistes sélectionnés pour s'affronter au deuxième tour : Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Pour ces deux-là, la question d'un changement de société n'est pas à l'ordre du jour. Ils ne portent donc aucu - ne alternative politique pour la France.

Les électeurs français, sont placés face à ce choix : Poursuivre avec Sarkozy et le libéralisme économique ou le remplacer par Hollande et le libéralisme économique. Cela se résume tout simplement à changer de personnel politique sans changer de politique. C'est l'alternance, comme on le voit aux Etats Unis avec les Républicains et les Démocrates et en Angleterre avec les travaillistes et les conservateurs.

Si, François Hollande accède à la pré- sidence de la République en France et qu'il ne s'attaque pas au pouvoir du capital et ne brise pas l'appareil d'état capitaliste, il se retrouvera comme Barak Obama, aujourd'hui prisonnier du bloc militaro-industriel et des financiers de Wall Street.

François Mitterrand, Président socialiste de 1981 à 1995 a connu le même sort.

Le témoignage de Danielle Mitterrand qui a accompagné son mari dans cette aventure se passe de tout commentai - re : «Mai 1981 fut un mois de grande activité, car c'était la préparation de l'arrivée au pouvoir de François. J'essayais d'apporter tout ce qu'il y a de meilleur en moi, pour que ces rêves d'avoir une société socialiste, quoique à l'Européenne deviennent réalité. Mais, bien vite, j'ai commencé à voir que cette France juste et équitable ne pouvait s'établir. Alors je demandais à François : 'Pourquoi maintenant que tu as le pouvoir ne fais-tu pas ce que tu avais offert ?'. Il me répondit qu'il n'avait pas le pou- voir d'affronter la Banque Mondiale, le capitalisme, le néolibéralisme. Qu'il avait gagné un gouvernement, mais pas le pouvoir. J'ai ainsi appris qu'être le gouvernement, être Président, ne sert pas à grand-chose dans ces sociétés soumises au capitalisme. J'ai vécu l'expérience directement durant 14 ans. Même s'il essayait d'éviter le côté le plus négatif du capitalisme, les rêves ont com - mencéà se briser très rapidement». Tiré d'une interview accordée en 2005 à Hernando Calvo Ospina du journal Cuba.Si.

On entend ici, en 2012, des hommes politiques appelés les Guadeloupéens à s'embarquer dans la recherche de cette alternance !