Et si l’on parlait du Venezuela ?

Aujourd’hui, la loi du profit a gagné tous les aspects de la vie. La presse n’y fait pas exception. On ne s’étonne donc pas que le Venezuela ait disparu des titres des journaux, qu’ils soient numériques ou papiers. Cela n’est plus vendeur. On mesure au moins deux choses à cette disparition du Venezuela des unes de la presse. L’échec retentissant de la tenta- tive de coup d’Etat orchestrée par les USA. La presse bour- geoise cache mal sa déception. Elle boude. Et deuxième point l’asservissement de nombreux organes d’information à la politique américaine.

Les USA ont décidé de passer à autre chose ? Les médias bour- geois suivent aveuglément. Après le Venezuela, la Chine. Après la Chine, l’Iran. Quel sera le prochain gros titre ? Il suffit de lire les tweet de Trump. Pendant ce temps, le Venezuela continue de vivre une crise majeure. Selon la banque centrale du pays l’inflation a été de 130 000% en 2018. Les revenus du pétrole se sont effondrés la production jour- nalière ayant été divisée par trois en dix ans. Le nombre de Vénézuéliens ayant quitté le pays depuis 2015 est compris entre 3 et 4 millions. Dans ces conditions la visite à Caracas, le 19 juin, de la Haute- Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme (ancienne présidente du Chili) Michelle Bachelet retient l’attention. Elle a rencontré deux des acteurs de la crise : le président Maduro et le président autopro- clamé Juan Guaido. La Haute- Commissaire a dénoncé la situation des droits de l’homme dans le pays en faisant état d’exécutions extra- judiciaires, d’emprisonnement poli- tiques et d’usage excessif de la force dans les manifestations. Toutes choses déjà connues et reflétant un climat général troublé qui laisse craindre une guerre civile. Mais Michelle Bachelet s’est aussi mon- trée très critique concernant l’em- bargo américain sur le pétrole véné- zuélien, qui accentue la crise et pénalise très durement l’ensemble de la population. On peut ajouter que dans la période récente dix députés d’opposition ont été inculpés de rébellion et de trahison pour s’être rallié à Juan Guaido dans sa tentative de putch du 30 avril dernier. Dans le même registre un des opposants les plus célèbres au régime chaviste Leopoldo Lopez s’est réfugié à l’am- bassade d’Espagne à Caracas après avoir été «libéré» par Juan Guaido de son assignation résidence. Leopoldo Lopez avait été condamné pour participations aux manifestations violentes de 2014, qui avaient fait de nombreux morts. Dans cette crise qui affecte tout un peuple on ne peut qu’être attentif aux discussions en cours à Oslo (Norvège) entre le pouvoir et cer- tains secteurs de l’opposition, ceux qui cherchent une voie démocra- tique à la crise. La Norvège, en effet, contrairement à des nombreux pays occidentaux, dont la France, n’a pas reconnu le président auto- proclamé Juan Guaido et a toujours appelé à de nouvelles élections, comme l’a déjà proposé de son côté Nicolas Maduro. La Norvège oeuvre au sein d’un groupe de pays dont le Canada, la Grande-Bretagne et le groupe de Lima qui cherchent à rapprocher les parties de ce conflit destructeur pour tout un peuple. Mais dans le même temps on ne peut qu’être frappé par la dimen- sion géopolitique de la crise véné- zuélienne, en rappelant trois faits : 1. Le Venezuela possède les plus importantes réserves pétro- lières mondiales. 2. Le premier producteur de pétrole mondial est maintenant… les USA, devant l’Arabie saoudite. 3. Les zones de tensions géopo- litiques actuelles concernent de près deux des plus importants producteurs mondiaux de pétrole, l’Iran et le Venezuela. Deux pays visés par les USA par une guerre économique littéra- lement criminelle envers les peuples de ces deux pays. 4. À qui profite le crime ? Poser la question c’est y répondre.