CHU : Des actes forts et urgents pour sauver des vies

Le personnel du Centre hospitalier universitaire de la Guadeloupe, après avoir utilisé depuis des mois toutes les voies de concertation et de négociations pour faire prendre en compte la situation sinis- trée de l’établissement, ont décidé de recourir à leur droit de grève. Ils agissent pour défendre leurs conditions de travail, mais aussi pour défendre le droit aux soins et à la vie de leurs patients. Ils mettent ainsi tous les décideurs politiques : l’Etat français, les élus guadeloupéens, les organismes de contrôle devant leur responsabi- lité ici et maintenant. La réponse de la directrice de la Santé renvoyant les professionnels du pôle mère-enfant à 2022 pour voir la construction de nouveaux locaux et son «bafouillage» sur un projet virtuel de réorganisation des services au CHU dans l’attente du nouvel hôpital, prouvent s’il en était besoin que la vie des Guadeloupéens n’est pas la préoccupation première des autorités en charge de la santé en Guadeloupe. S’il subsistait le moindre doute sur les considérations que les dirigeants poli- tiques français, mais malheureusement les élus guadeloupéens aussi, ont pour l’humain, pour la vie, il suffit de se référer aux documents appelés «Contrat de convergence» signés entre l’Etat français et les Collectivités «outre-mer» le 8 juillet à Paris. Edifiant. On se rend compte que ces gens vivent sur une autre planète. Ils parlent d’une Guadeloupe qui n’existe qu’à travers les prismes de leur ambi- tion de pouvoir, dans leur rêve de devenir Calife à la place du Calife. La Guadeloupe serait une sorte de matière hors-sol, sans racines, sans aucune présence humaine, une terre vierge qu’il s’agirait d’aménager, de préparer pour accueillir les nouveaux conquistadores. La preuve ? Dans ces fameux «contrats de convergence», signés pour la période 2019-2020 chiffrés pour plus de 680 millions, l’Etat s’engage pour 208 994 974 euros et les collectivités pour 192 673 479 euros. Parmi les actions prioritaires programmées vous trouverez : les infrastruc- tures sportives, l’aménagement des plages, la conservation des récifs coral- liens, l’implantation d’une technopole, la mobilité électrique des îles du Sud. Certes, des actions qui ont un certain intérêt, mais qui ont besoin pour donner tout leur sens de l’existence des hommes et des hommes en bonne santé. On pourra passer à la loupe la dizaine de projets contractualisés avec l’Etat, on ne trouvera pas l’ombre d’une action portant sur la mise à niveau tech- nique et le redressement financier du CHU actuel pour lui donner les moyens de remplir ces missions jusqu’à l’ouverture du neuf. Pourtant, le Président Macron a osé dire ce jour-là : «Le jour où on aura réussi en proximité avec les ultra-marins à bâtir des solutions qui changent le quo- tidien, à ce moment-là, nous serons à nouveau crus». Alors, Monsieur le Président, le quotidien des Guadeloupéens, c’est la faillite de l’hôpital universitaire, l’angoisse de ne pas trouver dans cet hôpital les moyens de se soigner, la peur de mourir au CHU par manque de matériel et de médicaments. La directrice de l’ARH, les élus guadeloupéens ne vous ont-ils pas décrit ce quotidien avant de signer ces contrats ? Si vous voulez être cru en Guadeloupe, il est encore temps de vous racheter en intégrant le CHU de Pointe à Pitre comme une priorité dans les plans de convergence. Les Guadeloupéens veulent vivre, et en bonne santé dans leur pays.