Suite à l’article sur la loi anti fessée présenté dans le journal de la semaine dernière, nous donnons la parole à Raymond Otto, sociologue et anthropologue
I# est tou- jours inté- ressant de lire les articles qui valori- saient le lob- bying dont aura bénéficié cette loi, alors que dans le même temps, la société civile dans son intégralité, se relevait à peine de son émotion liée à la promulgation de la loi traitant du consentement des mineurs ou loi dit «Schiappa». La même société qui se gaussait d’inter- dire la fessée, alors même qu’elle n’aura depuis tantôt, toujours en bout de mire, en visé, que la lutte contre la mal- traitance des enfants.«Le texte, adopté à main levée à l"unanimité, inscrit dans le Code civil, à l"article lu à la mairie lors des mariages, que "l"autorité parentale s"exerce sans violences physiques ou psychologiques". Et s’inscrit de fait dans le code pénal en appui de l"article 222-13». Dans une République qui refuse le multiculturalisme et la ségréga- tion spatiale, comment compren- dre l’arrivée de cette loi, si ce n’est que comme un dernier baroud d’honneur des militants de la laï- cité à la française. Quarante ans après la Suède, la France est devenue, le 02 juillet 2019 le 56ème État à bannir les châtiments corporels : le Parlement a adopté définitive- ment, par un ultime vote du Sénat, une proposition de loi visant à interdire les «violences éducatives ordinaires», coups, gifles, mais aussi humiliations, insultes, brimades ou moqueries. Or comparaison n’est pas toujours raison, surtout lorsque l’on relit la position historique de la France ainsi que ses contributions dans la bataille pour la protection de la petite enfance. Alors même que la Suède aura eu elle, une toute autre position, beaucoup plus claire et moins scabreuse.
La Suède n’est pas une démocratie oligarchique, et donc, le peuple peut à tout moment contrôler la vie politique ainsi que la pertinence des lois votées sur la tribune de son bien-être. Cela ne veut pas dire que cette dernière ne sera pas sujette à des dérives mais la France de ce point de vue, fait aujourd’hui, office de très mauvais élève. Faire voter une loi qui n’appelle pas à sanctions en cas de transgressions et qui ne tient pas compte des héritages cul- turels qui auront concouru à l’édifi- cation de la société française d’au- jourd’hui, s’apparente à un passage en force à portée stérile. Au niveau de la société guadelou- péenne, même si quelques voix se seront élevées depuis quelques années pour l’émergence et la valo- risation d’une éducation non vio- lente, il n’en demeure pas moins que notre appartenance au bassin caraïbe, nous aura fait nous reposi- tionner, non plus dans une inscrip- tion par imitation à la «métropole» (ou à l’outremer comme il convien- drait de dire), mais au contraire dans une inscription de retour aux fondamentaux de notre société dite coloniale départementalisée. Nous sommes des êtres de culture et notre appartenance à une huma- nité singulière ne fait plus de doute et ne saurait être remis en question face aux dogmes culturels qui nous arrivent du village-monde. La vio- lence de notre situation institution- nelle caractérise les violences dont nos enfants sont encore victimes du fait de la situation géographique de notre territoire. Comparaison n’est pas raison, notre priorité se sera centrée depuis quelques années sur une reconquête de nous-mêmes, de notre histoire et un peu moins de nous intéresser aux turpi- tudes, d’une société dite fran- çaise dont la langue nationale est la plus parlée en République Démocratique du Congo.