Un statut d’autonomie qui garantit la priorité à l’emploi aux Guadeloupéens

L’article écrit par M.Forier sur la problématique du «retour au pays des jeunes» relance, et nous le souhaitons, ce débat urgent, qui concerne l’avenir de la Guadeloupe. Si les arguments développés par ce «principal honoraire» sont justes, il nous semble qu’il est nécessaire de comprendre les mécanismes qui bloquent cette légitime aspiration.

P renons le cas de la «biodiver- sité» pôle de développement du siècle, qui commence, selon le positionnement des Etats capitalistes dont la France. De l’ex- trême droite aux divers partis de gauche, les Français reconnaissent qu’avec les Dom-Tom, ils sont assis sur «des richesses» inépuisables avec la biodiversité et les énergies renouvelables. D’accord, donc notre pays est riche. Alors pourquoi cette misère qui s’accentue chez nous, ce chômage, nos terres polluées, le manque d’eau, le CHU (centre hospitalier universitaire) en faillite, la violence des jeunes, la fuite des cerveaux… Nous savons, que le système colo- nial est la cause de notre mal déve- loppement. Rappelons nous le combat mené par le Docteur Henri Joseph et son équipe pendant des décennies, d’abord pour faire reconnaître la qualité de nos «rimèd razié» et ensuite obliger l’Etat à nous intégrer (même minoritaires) dans les agences chargées de l’organisa- tion des futurs marchés autour de la biodiversité. Le problème, c’est que tout a été mis en oeuvre pour nous écarter, de tous les centres vitaux de notre développement endogène.

Les Guadeloupéens doivent savoir que toute production guadeloupéenne pour être com- mercialisée, exportée doit être soumise à des tests de qualité et de sécurité (on ne peut y échap- per) mais cela ne s’obtient qu’à partir des résultats de la recherche appliquée. Si nous voulons que nos enfants res- tent ou retournent en Guadeloupe, il faut les préparer, les former pour travailler et créer dans les secteurs porteurs de développement.

Cela signifie que : - la recherche universitaire aux Antillesddoit être dotée moyens financiers importants pour sou- tenir les études des laboratoires en lien avec les besoins écono- miques et de protocoles de coo- pération avec leurs homologues caribéens, pour que nos produc- tions à partir de nos plantes, de la mer, du soleil, des volcans etc… soient mises en valeur. - Nos étudiants méritants intè- grent les centres de recherches (en milieu tropical), bien sûr s’ils ont les compétences. Nous pen- sons à Toulouse, Montpellier… Mais, c’est là que le bât blesse. Pourquoi ? Parce que nos étu- diants se trouvent en concurrence avec des jeunes européens, et voient souvent leur demande refusée faute de place, car rien n’empêche un Danois par exem- ple de vouloir étudier la fourmi manioc ou les pois d’angole… De plus, même diplômé(e)s et de retour au pays, nos enfants doivent pour un emploi ou une installation, passer par la DDAF, DIRF… tous ces organismes de l’Etat ont la haute main sur le recrutement des cadres et lors de leurs réunions parfois télé- visées, on a du mal à se croire en Guadeloupe. Est-ce être «raciste» que de dénoncer cela ? Nous voulons bien croire que la recherche, pour être efficace doit être mondialisée. Mais 800 000 Antillais en concurrence avec 400 millions ? Chercher l’erreur ou alors, expliquez-nous si nous nous trompons. Pourquoi (reportage de Guadeloupe la 1 ère ) une jeune ingénieure désireuse d’entreprendre dans le domaine de la mer attend dit-elle depuis longtemps qu’on lui accor-de une surface maritime (nous en avons 900 000 km 2 ) pour mener à bien ses recherches. C’est incompréhensible ! Et l’on voit dans le même temps des ingénieurs français qui, se servant des résidus de la canne à sucre mettent au point des objets «bio dégradables» déjà certifiés et dont ils gardent le secret de fabrication. Le combat du peuple guadelou- péen, c’est celui de David contre Goliath, mais nous le gagnerons si les chercheurs guadelou- péens, le monde de l’économie, les patriotes se serrent les coudes, car il est inadmissible que nous soyons de plus en plus des étrangers sur notre terre. Pour terminer, la grande messe que prépare l’Etat sur les sar- gasses, nous laisse assez dubita- tifs. Les grand chefs venus de Paris vont pantomimer en notre nom, mais les pays de la zone Caraïbe n’ont pas attendu la France pour tester toutes sortes d’utilisation des sargasses. Ce n’est pas non plus la tournée sud américaine du sénateur Théophile, qui nous fera changer d’avis sur les intentions réelles de la France quant à nôtre avenir de «peuple». mais comme le dit si bien un patriote de chez nous «pon disou pa pèd». Notre proposition d’un statut d’autonomie doit nous garantir la priorité à l’emploi dans les secteurs économiques où des dizaines, voire des centaines d’emplois et création d’entre- prises peuvent voir le jour. Alors prenons notre avenir en main.