L’Etat est le problème : Que faire ?

Il n’y a pas encore si longtemps, les grèves qui sont la phase ultime de la lutte sociale opposaient les salariés aux patrons des entreprises. Les parties en conflit avaient même adoptée cette fâcheuse attitude de réclamer l’intervention du représentant de l’Etat, considéré comme une institution neutre, pour arbitrer ces conflits. Grossière erreur des syndicats salariés et des politiciens assi- milationnistes qui feignent de méconnaître que l’Etat est l’instru- ment de domination de la classe au pouvoir. Dans la République capitaliste française, l’Etat est le bras armé, le garant des intérêts de la bourgeoisie nationale et internationale. Les institutions nationales, composées de ceux qui sont appelés naturel- lement, les grands commis de l’Etat, formés et payés pour assurer la continuité de l’appareil de l’Etat bourgeois en dehors et au-dessus des pouvoirs politiques ne s’embarrassent pas de considérations d’ordre sociales, culturelles, éthiques ou locales. Au nom d’une République qu’il proclame une et indivisible, sans jamais dire que c’est celle des puissants, des exploiteurs et des coquins, ils imposent à la majorité du peuple leur loi. C’est là où réside le coeur du pouvoir. Le face à face du peuple guadeloupéen avec ce pouvoir d’Etat français n’a jamais été aussi visible, aussi nette. On le voit aujourd’hui à travers toutes les luttes sociales, économiques, culturelles et politiques qui sont menées. Elles butent toutes sur ce pouvoir d’Etat qui tient absolument à garder la maî- trise des situations et appliquer ses réformes d’austérités et d’alignement par le bas sur les normes françaises. Le personnel de l’Education nationale fait grève pour des meilleurs conditions d’enseignement, avec un programme plus adapté aux réalités du pays. Le personnel des hôpitaux arrête de travailler pour dénoncer le manque de moyens humains, le manque de matériels, l’état de vétusté, l’exiguïté des locaux et la prise en charge des patients au CHU (centre hospitalier universitaire). Le pouvoir d’Etat tel qu’il s’exerce aujourd’hui en Guadeloupe, est un obstacle pour une organisation et un développement plus respon- sable de notre territoire. Le pire, c’est que nous sommes en décen- tralisation, le rôle de l’Etat devrait se limiter à ses pouvoirs régaliens et au contrôle de la légalité. Mais nous devons être honnêtes et dire que l’Etat n’est pas seul responsable de cette situation. On sait bien que la nature a horreur du vide. Laisser pratiquement seul à la gouvernance par les exécutifs les élus de Guadeloupe qui excellent à raser les mûrs et à s’émouvoir dans les arrières cours, l’Etat a tendance à laisser s’exprimer sa nature dictatoriale. Que faire aujourd’hui face à cet Etat qui se dresse sur notre route ? Nous n’avons pas d’autre choix que d’entrainer le peuple guadelou- péen dans la lutte pour arracher à cet Etat, les attributs d’un pouvoir autonome dans le cadre de la République française.