D ans le cadre de l’ouverture du sommet «Action climatique» qui a lieu le lundi 23 septembre 2 019, à New-York, aux Etats- Unis, sous la pression des jeunes, plus de 60 dirigeants mondiaux o nt été invités. Nous soumettons à la lecture de nos lecteurs, un discours de Fidel Castro pro- noncé lors de la Conférence de l’ONU sur l’environnement et le développement, en 1992. Vingt-sept ans après, le discours reste d’une actualité brûlante.

Monsieur le Président du Brésil, Fernando Collor de Mello, Monsieur le Secrétaire Général des Nations-unies, Butros Ghali, Excellences, Une importante espèce biologique risque de disparaître aujourd’hui, à cause d’une élimination rapide et progressive des conditions naturelles de vie : il s’agit de l’Homme. Maintenant, nous prenons conscience du problème alors qu’il est quasi- ment impossible de l’en empêcher. Il est nécessaire de signaler que les sociétés de consommation sont les principales responsables de l’atroce destruction de l’environnement. Elles sont nées des anciennes métropoles colonialistes et des politiques impé- rialistes qui ont à leur tour engendré du retard et la misère qui affectent aujourd’hui un immense secteur de l’humanité. Représentant seulement 20% de la population mondiale, elles consomment deux tiers de tous les métaux et trois quart de l’énergie produite à travers le monde. Les océans et les rivières sont empoisonnés, l’air a été contaminé, la couche d’ozone est désormais fragilisée et perforée, les gaz atmosphériques modifient les changements climatiques qui ont des effets catastrophiques que nous commençons à éprouver. Les forêts disparaissent, les déserts s’élargissent, des milliards de tonnes de terre fertile finissent dans la mer chaque année. De nombreuses espèces sont en voie d’extinction. La pression démographique et la misère se tra- duisent par des efforts désespérés pour survivre même aux dépens de la nature. Il est impensable de rendre responsable de cette situation les pays du tiers-monde, jadis des anciennes colonies, des nations exploitées, pil- lées aujourd’hui par l’ordre économique mondial injuste. La solution ne peut en aucun cas être d’empêcher le développement à ceux qui ont le plus besoin. En réalité, tout ce qui contribue à maintenir le sous-développement et la misère est une violation flagrante de l’écologie. Des dizaines de milliers d’hommes et de femmes et d’enfants meurent chaque année dans le tiers-monde à cause de ceci, ce qui représente plus que le nombre de décès à chaque guerre mondiale. L’inégalité des échanges, le protectionnisme et la dette extérieure agressent l’écologie et génèrent la destruction de l’environnement. Si l’on aspire à sauver l’humanité de son auto destruction, il vaudrait mieux distribuer les richesses et les technologies disponibles sur la planète. Réduire le luxe et le gaspillage dans quelques pays afin de mitiger la misère et la faim sur une grande partie de la terre. Il ne faut plus transférer au tiers- monde des styles de vie et des habitudes de consommation qui dégradent l’environnement. Que la vie humaine devienne plus rationnelle. Qu’un ordre économique plus juste soit mis en oeuvre. Que les progrès de la science soient nécessaires pour un développement durable, sans pollution. Il faut payer la dette écologique et pas la dette extérieure. Que la faim dis- paraisse mais, pas l’Homme. Lorsque les supposées menaces du communisme auront disparues et qu’il n’y aura plus de prétextes pour déclencher des guerres froides, des courses aux armements des dépenses militaires ; qu’est-ce qui empêche aujourd’hui d’utiliser ces ressources afin de promouvoir le développement du Tiers Monde et de lutter ainsi contre la menace de la destruction éco- logique de la planète ? Que cessent les égoïsmes, les hégémonismes, l’insensibilité, l’irresponsabi- lité et la tromperie. Demain, il risque d’être trop tard pour faire ce que l’on aurait dû faire, il y a longtemps. Merci.

Traduction du discours, réalisée par Pablo Casilindo