L’unité d’action

L’unité passe nécessaire- ment par un accord poli- tique sur l’objectif straté- gique que nous assi- gnons aujourd’hui à notre lutte pour la déco- lonisation, sur les voies et moyens pour y parvenir et sur un projet global, capable de d’entraîner l’adhésion et la mobilisa- tion d’une majorité de notre peuple.

Le premier numéro de l’Etincelle daté du 7 juin 1944 publiait un article sous le titre : « Front démocratique guadeloupéen en vue de l’émancipation politique, économique et sociale du pays». La résolution politique adoptée par le Congrès constitutif du Parti Communiste Guadelou- péen le 30 mars 1958 préco- nise pour sa part la constitu- tion du «Front guadeloupéen anticolonialiste». C’est dire que la question du rassemblement, de l’unité n’est pas nouvelle, elle a tou- jours été posée par les commu- nistes comme la pierre angu- laire du succès de la lutte du peuple guadeloupéen, pour son droit à l’autodétermina- tion, son émancipation poli- tique économique et sociale. Force est de constater l’échec de toutes les expériences de rassemblement, d’alliances po- litiques, d’actions communes, depuis le Front antillo-guyanais pour l’Autonomie créé à Paris en 1961, le Front pour l’Auto- nomie créé en Guadeloupe en 1964, les Etats généraux de la Guadeloupe en 1990 à l’initia- tive de l’UPLG, le CRI (Collectif de résistance à l’intégration), l’OPI (Organisa-tion des partis pour l’indépendance de la Guadeloupe) et la dernière en date les FPAC (Forces patrio- tiques anti-colonialistes et anti capitalistes) en 2012. Toutes ces tentatives de ras- sembler dans un front les orga- nisations anticolonialistes et anti-impérialistes se sont sol- dées par un échec,elles n’ont pas résisté aux volontés hégé- moniques, aux oppositions sté- riles entre indépendantistes et autonomistes qui font le jeu et servent les intérêts du pouvoir colonial. Il nous faut prendre acte de ces échecs et rechercher une autre modalité que celle de la constitution d’un front. Cette division renforce le camp assimilationniste avec pour corollaire le recul de la conscience nationale guade- loupéenne et de la conscience de classe des travailleurs, le recul des idées de progrès, d’émancipation sociale, de libé- ration politique. Le rassemblement, l’unité des forces anticolonialistes demeu- rent la question cardinale à résoudre, c’est un impératif et un défi de maintenant, que doivent relever nos organisations poli- tiques. Sans le rassemblement de nos forces nous ne parvien- drons pas à réaliser l’unité natio- nale du peuple guadeloupéen sur un projet d’émancipation de la Guadeloupe. L’unité passe nécessairement par un accord politique sur l’ob- jectif stratégique que nous assignons aujourd’hui à notre lutte pour la décolonisation, sur les voies et moyens pour y parvenir et sur un projet global, capable de d’entraîner l’adhé- sion et la mobilisation d’une majorité de notre peuple. Nous ne partons pas de rien, il faut se départir de toute pos- ture de leadership et prendre appui sur ce qui a déjà été éla- boré ensemble. La décolonisa- tion de notre pays sera une vic- toire collective ou ne sera pas.