Relation USA/Union européenne l’OMC met le feu aux poudres

Au début du mois d’octobre, l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a autorisé les États-Unis à sanctionner l’Europe dans un conflit vieux de 15 ans, au sujet des subventions déguisées que l’Europe accorde- rait au fabricant d’avions Airbus.

A vec cette décision prise au nom du sacro-saint principe de la concurrence non faus- sée, qui est la base du capitalisme libéral, les USA ont le droit d’exercer une mesure de rétorsion considéra- ble (à hauteur de 7,5 milliards de dollars) contre les exportations européennes entrant sur le terri- toire américain. Les taxes vont donc augmenter pour les avions vendus aux compa- gnies nord-américaines (10%) et pour certains produits agricoles ou industriels (25%). Le vin est concerné et les allemands redou- tent que leur industrie d’exporta- tion phare, celle des voitures, soit également visée. Cette décision devrait être prochai- nement suivie d’une décision dans l’autre sens, car les Européens ont entamé un an après la procédure des Américains contre Airbus, en 2004, une procédure similaire contre Boeing.Car, si Airbus béné- ficie d’avances remboursables pour ses investissements, à des taux d’intérêt très intéressants (c’est l’objet de la plainte améri- caine), Boeing de son côté est nettement favorisée dans les commandes militaires de l’armée américaine, façon tout aussi claire de subventionner un géant indus- triel. Derrière ces procédures se cache la situation actuelle du capitalisme qui est aux abois. Si les conflits économiques dégénè- rent en véritable guerre, c’est qu’ils reflètent une dégradation générale des profits et une fragi- lité des situations hégémoniques. L’OMC a été initialement conçue comme une organisation interna- tionale apte à gérer les accords mul- tilatéraux, à régler les différends commerciaux internationaux et à servir d’enceinte dans les négocia- tions. Mais la réalité est tout autre. Il s’agit en fait de promouvoir une certaine vision de l’économie, qui favorise les milieux d’affaires et les multinationales plutôt que les sala- riés. Comme l’ont fait remarquer les mouvements altermondialistes cette organisation internationale s’octroie le pouvoir exorbitant de sanctionner des Etats, en autorisant des mesures de rétorsion. Mais on note que, dans le même temps, l’OIT (Organisation interna- tionale du travail) ne dispose d’au- cun moyen pour faire appliquer ses recommandations en matière de droits sociaux. Cherchez l’erreur. L’OMC a d’ailleurs une attitude qui confine à la schizophrénie. Car elle met en garde les partenaires inter- nationaux devant le ralentissement des échanges commerciaux, signes de plus en plus nets d’une crise glo- bale (1,2% d’accroissement des échanges contre 2,6% prévus) mais dans le même temps tranche en faveur d’une augmentation des droits de douane qui vont fatale- ment ralentir les échanges. En réa- lité cette conception d’une concur- rence libre et non faussée est une fable à laquelle personne ne croit. Elle cache seulement la liberté du loup dans la bergerie. L’existence et le rôle de l’OMC sont particulière- ment préoccupants dans une époque où ce n’est pas la puissance de tel ou tel mastodonte de l’aéro- nautique qui compte mais de savoir si la facture carbone du transport aérien peut être abaissée rapide- ment. Il ne s’agit pas ici de savoir qui va l’emporter dans une course à la domination mondiale, mais de, très concrètement, favoriser un mouve- ment général pour sauvegarder les biens communs. Karl Marx l’a dit, il y a bien longtemps : dans ce combat, la propriété privée des moyens de production est un obstacle dont la suppression est un préalable à tout progrès de l’humanité.