Yo ka palé dé lang a Kiba !
Lors de son déplacement à Cuba au mois d’août, Nouvelles-Etincelles a fait la rencontre du créolier Hilario Batista qui explique la lutte qu’il mène pour que le créole soit reconnu comme deuxième langue à Cuba.
Comment évolue le créole à Cuba ?
Hilario Batista :Le créole est une réalité à Cuba parce que nous le considérons comme notre deuxième langue. Partout sur l’île, il y a des gens qui apprennent à parler le créole. La langue s’est actuellement renfor- cée grâce aux relations qui se déve- loppent avec la Caraïbe. Nous pensons qu’il y a plus de 400 000 personnes qui parlent ou qui ont conservé la langue créole à Cuba. C’est une langue qui est ancrée dans la culture cubaine on la retrouve dans la musique, la danse, le théâtre, la cuisine… Plusieurs générations de descendants haï- tiens ont conservé la langue de leurs ancêtres. Ils sont très rares ceux qui ne le parlent pas.Si je comprends bien le créole est parlé sur tout le territoire cubain ?Il faut reconnaître que le créole est présent depuis Guatanamo jusqu’à Sancti-Spiritus, (pratiquement la moitié de l’île), parce que c’est où s’est développé la communauté haïtienne qui était venue travailler comme coupeur de canne. Même à Matanzas, troisième grande province de Cuba, le créole est présent y compris au nord de l’île à Pinard el Rio
.Quelles sont les activités que vous menez pour favoriser le développe- ment du créole ?
Nous menons plusieurs activités. Au niveau national, il y a plusieurs Maisons de la Culture. C’est un groupe de descendants d’Haïtiens qui a toujours conservé la culture depuis Guantanamo, Camagüey, Holguin et autres… Ils travaillent pour la préservation de la culture. A Cuba, nous avons radio Havane. Elle diffuse une émis- sion quotidiennement en créole depuis 1962. Ce qui veut dire que le gouvernement cubain lui a toujours donné de l’importance. La révolution cubaine, a eu lieu en 1959 et radio Havane a été créée en 1962. Les premières émissions en créole remontent à cette date. Le créole fait partie de leur langue à travers duquel est transmise toutes les réalités de Cuba, des pays cari- béens et des pays latino.Le créole a-t-il fait son entrée dans le cursus scolaire de Cuba ?Non, le créole n’est pas encore enseigné à l’école de Cuba, mais malgré tout, il y a quelques ateliers de la langue créole qui existent dans les différentes provinces. L’école où est enseigné le créole n’est pas pri- vée, c’est-à-dire qu’elle est ouverte à tous. Ce sont les membres de la communauté haïtienne, les mem- bres de Band-zil kreol qui assu- rent l’enseignement du créole dans les établissements scolaires de l’Etat. A noter que la plupart des gens qui parlent le créole sur l’île ne savent pas l’écrire.
Y’a-t-il de l’engouement pour apprendre le créole ?Oui, il y a beaucoup de gens, surtout beaucoup d’enfants qui adhèrent à l’enseignement du créole. De jour en jour, nous assistons à une augmentation de la participation. Pour l’heure, nous avons besoin de cadres pour répondre à la demande en constante augmentation.Quel plage horaire qui est la vôtre sur radio Havane ?Nous avons un programme chaque jour de 14h30 à 15h. Nous sommes une équipe de trois animateurs laquelle est composée d’un Haïtien né en Haïti, d’un Cubain d’origine haïtienne et moi-même Cubain d’origine haïtienne.Quel message voulez-vous faire passer ?Ce qui nous tient à coeur c’est d’ou- vrir la voie pour que tous les peu- ples soient informés sur le fait que le créole est une réalité à Cuba. Cela veut dire que notre objectif est de mener une action conjointe autour du créole avec le concours de la Guadeloupe, la Guyane, la Martinique et tous les autres îles de la Caraïbe pour travailler autour du créole, le conserver et échanger entre nous.Menm si yo ka di kè chak péyi ni on kréyol diférans men an jénéral nou ka komprann nou.