Que faire après la Conférence internationale sur les sargasses ?

En clôture de la Conférence internationale sur les sargasses qui s’est déroulée du 23 au 26 octobre 2019 à Baie-Mahault, Edouard Philippe, Premier ministre français, a fait une déclaration qui se voulait très internationaliste, en ce qui concerne le règlement du pro- blème que posent les algues sar- gaces dans notre grande région Caraïbe. Il était, de toute manière, difficile de faire autre- ment étant donné l’étendue géographique de cette calamité.

T outefois, ici, les attentes des victimes des échouages ne sont pas satisfaites : Aucune mesure nouvelle annoncée allant dans le sens d’indemnisation à la hauteur des préjudices subis n’a été faite. Seulement un rappel de l’en- gagement financier de l’Etat depuis 2018, augmenté de quelques mil- lions pour la recherche. D’ailleurs, cet engagement finan- cier et organisationnel, qui n’est pas dédié au ramassage en mer mais uniquement à aider les communes après échouage (malgré le système de prévision et de suivi des sar- gasses par satellite mis en place par Météo France et prévu dans le plan national), semble bien déri- soire pour ceux qui en bénéficient (communes et acteurs écono- miques) au vu des coûts engagés pour leur ramassage et le stockage des sargaces et de l’im- pact occasionné sur l’économie du tourisme et de la pêche. On note que le Premier ministre ne s’attarde pas sur le ramassage en mer qui est de la compétence de l’Etat. Ce dernier a toujours refusé d’assumer cette responsabilité pré- férant, en toute connaissance de cause des difficultés financières, laisser les communes s’enfoncer davantage dans des déficits abys- saux pour tenter de sauver leur lit- toral et la santé de leur population.

A contrario, afin d’éviter, d’une part, cette lourde charge du net- toyage des littoraux et, d’autre part, la décomposition des algues dégageant les gaz nocifs tels que l’hydrogène sulfuré et l’ammoniac intoxiquant dangereusement les populations vivant à proximité des zones polluées, d’autres pays de la région appliquent la solution du ramassage en mer, ce qui parait n’être que du bon sens. En termes de solutions, la société STMI, basée à Baie-Mahault, a mis au point un bateau capable de ramasser plusieurs tonnes de sar- gasses à l’heure, et l’université des Antilles-Guyane a, de son côté, a mis au point un procédé de trans- formation par pyrolyse de ces algues afin d’en faire du charbon actif capable de filtrer les eaux contaminées au chlordécone (à cause des décisions inappropriées de l’Etat lui-même, rappelons-le). Le ramassage en mer que refuse donc l’Etat, serait pourtant tout bénéfique pour la Guadeloupe car, les algues collectées au large des côtes, non souillées par le sable, économisent les opérations de nettoyage avant leur transformation en charbon actif. Ce charbon actif, après utilisation, une fois chargé en chlordécone pourra être réutilisé après avoir été retraité par le même procédé pour un nouveau cycle de traitement des eaux pol- luées au chlordécone. Les solutions concrètes et maté- rielles sont donc à portée de main, ou de portefeuille, puisqu’il ne manque que le financement, notamment pour permettre que le procédé de transformation des algues en charbon actif passe à l’échelle industrielle. Nous pouvons en douter, mais sou- haitons que, dans les mois à venir, l’Etat favorise et pérennise ces solu- tions pour enfin «transformer ce fléau des sargasses en une opportu- nité scientifique, économique et écologique», (comme le dit lui- même Edouard Philippe) au béné- fice de notre territoire et de toute la population guadeloupéenne.