Théâtre : «Gerty Archimède, l’amie du peuple»

C’ est en effet la première fois qu’une pièce de théâ- tre fait revivre ce qu’a été la vie de Gerty Archimède, de son enfance à sa mort. Eliane Arnell Kancel l’a fait en respectant autant que possible la vérité historique.

Bravo Eliane ! Avec les petites retouches que tu ne manqueras pas d’apporter pour réduire un peu la durée, cette pièce que tu as vrai- ment voulu faire, sera un outil au service de notre jeunesse. Elle est déjà une source de connaissance pour le nombreux public qui l’a découverte, et le sera aussi pour ceux encore plus nombreux, qui le découvriront au fil des différentes présentations prévues dans le pays.

Pour avoir entendu des réflexions spontanées juste après la séance, cette pièce a marqué particulière- ment des femmes qui ne la connais- saient que de nom. J’ai retenu entre autres : «Merci Gerty de nous avoir montré le chemin». «Maintenant, je sais pourquoi je l’aime», «il faut jouer cette pièce partout en Guadeloupe pour nos jeunes»…

Je pense, pour ma part, qu’il y a beaucoup à prendre et à appren- dre de la vie de Gerty. Je retiens, en priorité, sa ténacité, son cou- rage, pour atteindre le but qu’elle s’était fixé et ce, malgré l’opposi- tion tenace, voire quasiment irré- ductible, de son père qui ne voulait pourtant que son «bonheur».

Mais, c’est surtout sa façon de lutter qui me fascine : une oppo- sition ferme et sans faille, mais empreinte de respect et de considération pour les siens.

Ce mélange, finalement harmo- nieux de ces deux tendances fortes dans la vie de Gerty, nous indique qu’une opposition forte a besoin de s’exprimer fermement, avec constance et à l’aide d’arguments solides, mais que ce combat peut se livrer sans outrances excessives, dans le plus grand respect du contradicteur, sur- tout s’il s’agit d’un parent.

J’admire la grande détermination et la force de caractère de Gerty pour avoir tenu tête à tout le condition- nement social et sociétal qui a pesé sur ses choix, mais sans jamais pou- voir la détourner des objectifs qu’elle voulait atteindre.

J’ai aussi retenu sa volonté pré- coce d’inciter ses amis de la gauche à se rassembler pour lut- ter avec efficacité contre la poli- tique réactionnaire des forces de la droite, adulées par le clergé. C’est de nos jours encore la question politique centrale dans notre pays : le nécessaire rassemblement des forces anticolonialistes pour l’émer- gence d’une Guade-loupe travail- leuse, responsable et solidaire.

Je veux magnifier le combat de Gerty, sa vie durant, pour l’émanci- pation des femmes guadelou- péennes, le bonheur des enfants et la sauvegarde de la famille.

Enfin, il me tient à coeur de rap- peler que Gerty a été une fem- me extraordinaire par toutes ses qualités de coeur et ses dis- positions naturelles à s’instruire et à faire du bien autour d’elle.

Mais ce qui la rend exceptionnelle, c’est la conjonction entre ses qua- lités de coeur, l’étude de la philo- sophie marxiste, et les nom- breuses expériences de lutte quelle a eues, avec des hommes et des femmes marxistes mili- tants, au sein d’un Parti commu- niste quelle avait choisi. C’est ce «lyannaj» qui a structuré sa per- sonnalité exceptionnelle.

Malheureusement, même en la vénérant, on passe très souvent sous silence qu’elle était une fémi- niste communiste.

Tous ceux qui l’ont bien connue ont entendu, de sa bouche, cette phrase : «Mon Parti m’a donné les plus belles joies de ma vie».

La pièce «Gerty Archimède, l’amie du peuple» d’Eliane Arnell Kancel, reflète l’essentiel de la vie de Gerty. C’est une gageure car, comment être plus exhaustif en moins de deux heures ?

Allez voir cette pièce qui suscite réflexion mais aussi admiration pour les comédiens-amateurs qui ont mis tout leur coeur et leurs talents pour nous faire vivre une page d’histoirepalpi- tante de notre pays. Merci à Eliane et à toute son équipe.