Le XVI ème Congrès des élus départementaux et régionaux a accouché d’un OVNI

Nous avons la réponse à la question posée dans notre pré- cédent numéro : De quoi accou- chera le XVI ème Congrès des élus ?Il a accouché d’un OVNI, un objet volant non identifié.

B ien malin celui qui pourra trouver une idée neuve, novatrice dans la résolution adoptée à la clôture de ce Congrès, ou bien de comprendre ce que veu- lent les élus du Congrès.

C’est un texte de masko à l’image des rapports et des échanges de convenances et de complaisances qui ont alimenté ce conclave toute une journée.

Seuls ceux qui sont à l’origine et qui organisent cette vaste madrague peuvent se dire satisfaits et trouver dans la résolution un consensus qui ouvre la voie à une avancée vers la quête de plus de responsabilité.

Les observateurs honnêtes, qui scrutent avec attention l’épopée des Congrès voient très bien que l’on tourne en rond pour revenir toujours au pied du mur de l’assi- milation indépassable dressé par Brigitte Girardin, ministre du Président Jacques Chirac en 2003.

Les complices dans l’assimilation : les socialistes genre Victorin Lurel, Favrot Davrain et leurs affidés, la vieille droite genre Philippe Chaulet, des négationnistes genre Ibo Simon et leurs adeptes qui se sont auto- proclamés gardiens du mur de l’as- similation en 2003, sont toujours à l’oeuvre dans le champ politique et avancent masqués.

Ils ont un fonctionnement qui s’ap- parente à celui du boa constrictor. Ils ramollissent votre cerveau avec des idées de progrès, de démocra- tie, de liberté, de justice auxquelles ils n’y croient même pas pour vous envelopper et vous étouffer com- me le fait le serpent.

C’est porté par cet instinct qu’ils se mettent en embuscade dans le VIII ème Congrès convoqué par le pré- sident Gillot, le 24 juin 2009, soit 6 ans après l’échec de la consultation de 2003 pour lancer l’idée d’un Projet guadeloupéen de société.

De peur de voir fissurer le mur de l’assimilation qu’il garde sans fléchir, Victorin Lurel, président du Conseil régional de l’époque, fait voter au IX è me Congrès du 28 décembre 2010 une résolution sur un consensus mou qui met en veilleuse le Projet guadeloupéen de société au profit de la loi Sarkozy de réforme des col- lectivités territoriales.

Mais là, il se fait rétorquer admira- blement par le Président Nicolas Sarkozy et entraîne avec lui dans la honte tous les élus guadeloupéens. Pour bien comprendre ce qui se joue sur le plan politique en Guade- loupe après la résolution du XVI ème Congrès, il nous faut citer Nicolas Sarkozy, qui n’a jamais été notre tasse de thé, dans son discours de voeux aux Outre-mers prononcés à Petit-Bourg le 9 janvier 2011.

Parlant des évolutions institution- nelles et en particulier de la Guade- loupe, il dit : «Vos élus réunis en Congrès le 28 décembre dernier, viennent de demander à l’Etat des adaptations à la loi portant réforme des collectivités territoriales. (…) Vos élus souhaitent que soient appliquées en Guadeloupe des règles spécifiques, distinctes de celles du reste de la France. Ils demandent davantage de sièges de conseillers territoriaux et un mode de scrutin qui fasse une large part à la proportionnelle. Les élus guadeloupéens n’ont donc pas fait le même choix que les élus martiniquais et guyanais qui ont souhaité une col- lectivité unique, approuvée d’ailleurs par une large majorité d’électeurs. C’est leur droit (…) je note toutefois que c’est bien le passage à la collecti- vité unique, en Martinique et en Guyane qui a permis l’adoption de règles particulières. La question posée est donc de savoir jusqu’où on peut adapter le droit public Outre- mer sans passer par l’une des évolu- tions institutionnelles explicitement prévue par notre constitution (…)».

Le Président Sarkozy avoue ne pas bien comprendre ce que veulent les élus guadeloupéens. Il demande un temps de réflexion et les invite à l’Elysée le 14 février 2011 pour une explication de texte.

On connait la suite. La réponse du Président est non. Les élus guade- loupéens demandent dix-huit mois pour présenter une proposition d’évolution institutionnelle.

Neuf ans après, le XVI ème Congrès accouche du même OVNI qu’en 2009. Comment en est-on arrivé là ? Pourtant le pré- sident Jacques Gillot, n’a pas lâché son Projet guadeloupéen de société. Il le remet dans le débat au XIII ème Congrès du 27 décembre 2012. Une fois de plus, sans le reje- ter, le Conseil régional fait voter une résolution qui deman-de de pour- suivre la réflexion et d’attendre sa finalisation pour se prononcer sur un choix institutionnel.

En vérité, s’est mis en place un bras de fer entre Victorin Lurel, alors ministre des Outre-Mer et Jacques Gillot président du Conseil général, sénateur. Sans le dire franche- ment, Victorin Lurel accuse Jac- ques Gillot de vouloir passer par- dessus sa tête pour sauter le mur de l’assimilation intégrale dont il s’est fait la sentinelle.

Cette confrontation connue désor- mais de tous devait trouver son dénouement au XIV ème Congrès du 15 mars 2013. Malgré les conces- sions faites par Jacques Gillot et notamment, l’inscription du Pro- jet guadeloupéen de société dans l’identité législative, Victorin Lurel plaça dans les mains de la prési-dente Borel Lincertin les grenades i ncendiaires qui ont explosé à la face de Gillot emportant avec lui le Projet guadeloupéen de société e t laissa la Guadeloupe en proie à toutes les dérives.

C ’est sur ce champ de ruine que le couple Borel-Chalus revient six ans après, en prétendant vouloir faire d u neuf avec du vieux. Car, malgré tous les artifices, la résolution adop- tée par le XVI è me Congrès, renvoie à la posture adoptée en 2009. C’est l’adaptation du droit commun et le maintien du statu quo.

Cette résolution ne fait aucune référence à une collectivité unique mettant un terme à cette singula- rité qui n’est pas un atout : l’exis- tence de deux collectivités sur le même territoire et aujourd’hui de plusieurs lieux de pouvoirs : la pré- fecture, le Conseil régional, le Conseil général, les intercommuna- lités, les communes.

En réalité, cette résolution révèle la duplicité et les mensonges des exécutifs et des élus qui ont voté à l’unanimité cette résolution. Ils ne veulent rien changer, ils veu- lent conserver tous leurs attributs et leurs avantages.

Par contre, tirant les leçons du camouflet que leur a infligé Sarkozy pour ce comportement irresponsa- ble, ils demandent sans aucune gêne au gouvernement actuel, de réviser la Constitution française pour rendre possible leur demande insolite alors que les articles 72, 73, 74 de la Constitution ouvrent les possibilités d’évolution institution- nelle et statutaire.

Ils osent solliciter de l’Etat une loi organique révisant la Constitution pour leur donner plus d’autonomie dans le cadre du statu quo. Comme ils disent dans les campagnes de France : ils veulent le beurre, l’ar- gent du beurre et le c…. de la fer- mière en plus. Quelle honte ?

Une telle demande devrait recevoir la même réponse que celle donnée par Nicolas Sarkozy le 14 février 2011, aux élus, qui sont revenus de l’Elysée la queue entre les jambes.

Si ce n’est pas le cas, cela voudrait dire que le gouvernement Macron est à l’origine de cette manoeuvre de contournement et qu’il se pré- pare à nous fourguer cette ignomi- nie, comme une expression de la «différenciation».

Le pire dans cette bêtise, c’est que l’on trouve des Guadelou- péens qui disent faire fonction d’intellectuel, de juriste, de polito- logue pour se faire complice de ces arnaques politiques.