Le plan de paix américain pour le Proche-Orient

Présenté par Donald Trump et Benjamin Netanyahu à Washington, le 28 janvier 2020, le plan de paix américain pour le conflit israélo-palestinien affirme, avec une arrogance coloniale rarement vue, la vision américaine pour la région. Le titre est le suivant : «La paix pour la prospérité, une vision pour améliorer la vie des Palestiniens et des Israéliens»).

UNE MASCARADE ÉLECTORALISTE

Ce plan est une mascarade, qui a surtout pour objectif de courtiser les électorats respectifs de Trump et Netanyahu, chacun en cam- pagne pour sa réélection. Trump a besoin des voix des évangélistes sionistes qui votent à 80% pour lui (il y a environ 25% des Américains qui sont évangélistes et une bonne proportion d’entre eux est ultra- conservatrice). Netanyahu, de son côté, a besoin des voix des colons qui sont particulièrement choyés dans ce plan. Ce plan n’est en rien une base de négociations entre Israéliens et Palestiniens.

Les précautions de langage sur la formule «deux Etats» ne trom- pent personne. Il s’agit, ni plus ni moins, que de créer un bantous- tan, comme cela avait été fait en Afrique du Sud, du temps de l’apartheid. Le territoire prévu pour les Palestiniens est discon- tinu et les différentes zones com- muniquent entre elles par des ponts et des tunnels (une dizaine au total). Le soi-disant Etat pales- tinien est totalement entouré par Israël, ne dispose pas de port, d’aéroport, ne contrôle pas son espace aérien, n’a pas d’armée etc. En réalité, tout le monde a compris que ce plan est totale- ment inacceptable par les Palestiniens qui, d’ailleurs, ont cessé toute communication avec les Américains depuis deux ans. Netanyahu ne s’y est pas trompé en affirmant vouloir prendre des mesures rapides pour annexer la rive occidentale du Jourdain. Ce plan lui va à ravir car, il a toujours voulu disqualifier tout interlocu- teur palestinien et s’empresse de tirer parti du feu vert à la colonisa- tion donnée par Trump.

DES RELATIONS INTERNATIONALES EN PLEINE DÉSAGRÉGATION

Cette initiative diplomatique (le mot est très exagéré ici, mais il n’y en a pas d’autre !) de Trump est un bon révélateur de l’état du monde dans lequel nous sommes. Les rela- tions internationales sont en pleine désagrégation. Les Américains ont, à plusieurs reprises, cherché à dyna- miter tout consensus international, en quittant, entre autre, l’Unesco, le traité de Paris sur le climat, le traité de non-prolifération nucléaire avec les Russes (hérité de l’URSS), et tout récemment le traité de non utilisation des mines anti-person- nelles. La liste n’est pas close.

Face à cela, et pour ne parler que du Proche-Orient, la solitude des Palestiniens est immense. L’Euro-pe divisée n’a rien opposé de consis- tant, face aux Américains. Cette fai- blesse de réactions européennes est alarmante. Le monde arabe, de son côté, est en pleine décomposi- tion. Des guerres civiles comme au Yemen, en Lybie, en Syrie ou en Irak, des alliances régionales comme celle de l’Arabie Saoudite, des Émirats arabes unis et du Bahrein, avec Israël contre l’Iran, ont pour longtemps rendu inaudible toute voie arabe dans le dossier palestinien.

Sur le sujet précis des annexions israéliennes (le Golan, les colo- nies de Cisjordanie), les États- Unis foulent ouvertement aux pieds le droit international (et en particulier toutes les résolu- tions de l’ONU sur le conflit israélo-palestinien, depuis la résolution n° 242 de 1967 jusqu’à la résolution n° 2334 de 2016 avec Obama) qui récuse tout gain territorial par la guerre. La carte géographique, elle, est sans appel : en 1947 le plan de partage de la Palestine britannique prévoyait environ 44% de terres aux Arabes ; le plan de «paix» de Trump 15%.

LES COMMUNISTESAUX CÔTÉS DES PALESTINIENS POUR LE DROIT À L’AUTODÉTERMINATION

La question palestinienne est-elle enterrée ? Certainement pas. C’est même probablement le contraire et elle resurgira inévitablement sous d’autres formes. En effet, le futur n’est jamais sûr et les régimes colo- niaux, l’apartheid, ont eu une fin. Il existe dans le monde entier. Par exemple, en Israël : Zeev Sternhell, Avraham Burg ; aux Etats-Unis : Bernie Sanders, des progressistes qui n’ont pas perdu espoir qu’un jour les Palestiniens accèderont au droit à l’autodétermination.

Nous, Communistes, serons toujours du côté de la liberté et de l’entente entre les peuples. Ces mots d’ordre ne vieillissent pas et l’actualité leur donne encore plus de poids.