MOIS DE L’AFRIQUE :Conférence du Dr Julius Garvey : «la vision économique de Marcus Garvey»

«C’est notre génie qui fera de nous ce que nous voulons être. La puissance créatrice de la pensée nous permet de créer ce que nous projetons de faire».Ce sont les premières paroles empreintes de spiritualité d’un «sage» Julius Garvey, fils de Marcus Garvey, venu en Guadeloupe à l’invi- tation de l’association Racine, afin d’expliquer aux Afro-Caribéens que nous sommes, la «philosophie de la politique du commerce» qui doit être la nôtre, et M. Garvey continue : «La première ressource du monde dans lequel nous vivons est la ressource humaine».

Le capitalisme, appliqué à l’écono- mie, a généré l’iniquité qui régit l’hu- manité (guerre, réchauffement cli- matique, pillage de l’Afrique, défo- restation, désastre nucléaire, etc.).

Ce monde doit changer. Les re- tombées de l’économie devraient être partagées entre les em- ployeurs, les employés, les clients. La privatisation sans contrôle des richesses d’une communauté engendre la pauvreté.

Alors questions. La société com- merciale peut-elle diriger notre bien-être ? Comment répondre pour survivre ? La vie, à quoi sert- elle ? Et c’est à partir des ensei- gnements de son père que M. Garvey donne quelques conseils : Se connaître soi-même ; Cultiver ses talents personnels pour «ser- vir» et non se servir. Donner du sens à la vie ; Le travail en com- mun, les coopératives donc le par- tenariat, doivent être l’essence de toutes productions.

Les jeunes de la diaspora africaine devraient s’efforcer de sortir du modèle d’exploitation et créer une nouvelle voie, basée sur la créativité et le respect.

Notre pensée doit être indépen- dante, donc libérée des chaînes de l’esclavage. Cela a commencé avec Marcus Garvey qui avait compris qu’il fallait se connecter à l’Afrique, cet immense continent mère. Il avait créé l’UNIA et avait choisi le Liberia comme terre d’expérimen- tation mais on sait que ce projet a été saboté par les USA. Après cette introduction par Julius Garvey, il a répondu aux questions de l’assistance :

Comment les Antilles françaises colonisées, mal renseignées sur la philosophie de Garvey peu- vent-elles adhérer à cette pen- sée philosophique ?Julius Garvey :Il est de votre devoir de vous changer. N’Kruma avait commencé. Il voulait que le tra- fique, le commerce, le tourisme, le rapatriement se fassent avec le monde noir, mais on sait que toute tentative d’émanciper le continent noir a échoué. L’assassinat de tous les vrais leaders nationalistes afri- cains en est un exemple. Mais aujourd’hui, le Ghana a ouvert la «porte du retour» ; le Sénégal a fait de même. Tous les projets d’in- vestissements des Afro-Caribéens sont les bienvenus.

La Jamaïque, septième port le plus grand au monde, par sa situation géographique, ses connexions, voies ferrées, port et aéroport, a des projets commerciaux avec l’Afrique. La Barbade étudie la possibilité d’une liaison avec le Ghana. Ces exemples montrent que si nous le voulons, nous pouvons faire chan- ger notre monde.

L’enseignement de l’histoire des peuples noirs dans la Caraïbe favo- rise-t-il la connaissance ?La Jamaïque le fait, mais il y a encore des efforts à fournir. Il faut se débar- rasser des vestiges de la pensée colonialiste mais il reste encore beaucoup à faire. C’est difficile, mais il ne faut pas abandonner, trouver une nouvelle voie, c’est notre seule chance de survie.

Comment «penser» dans le monde compétitif d’aujourd’hui ?L’entrepreneur afro-caribéen doit être avant tout un être humain. Il doit agir à partir de l’essence divine dont il est porteur. S’il ne l’est pas, ce serait dommage pour l’humanité.